Madagascar n’inspire pas confiance. Le MOCI ne le dit expressément pas mais la conclusion d’un des plus anciens magazines français spécialisés en commerce international est assez significative sur la perception du pays. “Ce pays est l’un des nombreux exemples de pays où certains continuent d’exporter sans filet sous prétexte d’ancienneté de relations commerciales. Il ne faut pas pleurer après si les retards de paiements sont fréquents dans ces conditions, et très longs…”, souligne notamment le magazine.
Chaque année, cette publication édite un guide sur les risques à l’exportation. Une centaine de pays y sont présentés dont Madagascar qui n’incite guère les exportateurs à commercer avec Madagascar.
D’abord, le risque pays est jugé, “très élevé”. La conclusion du MOCI se base sur la notation des différents institutionnels et assureurs-crédit qui à l’exception d’un seul (qui confirme la règle?), sont tous négatifs: “OCDE:7/7 (janvier 2019); Euler Hermes:D3 ( risque du court terme significatif, avril 2019);COFACE: pays D, environnement des affaires D (avril 2019) ; Credendo: court terme: 5/7, commercial: C, risque de transfert: 6/7 (mai 2019); Atradius: 6/10 positif (avril 2019)”.
Ensuite, “le risque client est très mauvais” dû à différentes raisons dont les difficultés d’obtenir des renseignements de notoriété sur le client, la faiblesse du système bancaire et un appareil judiciaire compliqué. Le MOCI parle d’instabilité depuis la chute de Hery Rajaonarimampianina “La situation politique est très instable depuis la destitution du président malgache votée le 26 mai 2015 (ndlr: l’auteur aurait certainement voulu souligner la date de sa déchéance du 26 mai 2018) et la situation économique et financière toujours très fragile. Les notes des institutionnels et des assureurs-crédit se passent de tous commentaires. Plusieurs indicateurs sont par ailleurs négatifs: la faiblesse du système bancaire local -contrairement à ce qu’on peut lire sur certains sites internet (de toutes façons, les banques ne financent que certains secteurs) et un risque très élevé de non transfert (note 6/7 par Credendo). Les retards de paiement sont très nombreux. On note en outre des difficultés dans le recouvrement des créances impayées. Ajoutons un système judiciaire qui laisse à désirer. Autant d’éléments qui incitent à la plus grande prudence dans les transactions et à beaucoup de rigueur dans le suivi des échéances”
Quand on sait d’une part que le MOCI constitue une référence pour les exportateurs français en particulier et les hommes d’affaire en général, et d’autre part, le numéro qui publie ces fiches pays est paru peu de temps après la visite officielle du président Andry Rajoelina en France où il a courtisé les investisseurs, on se demande si l’offensive de charme n’était pas annihilée par les éléments donnés par le MOCI. Dans tous les cas, ce magazine ne peut être critiqué pour avoir rapporté des choses négatives sur Madagascar car il n’a fait que reprendre ce que les assureurs crédits et les organisations internationales constatent. Et que la ministre de la Communication, Lalatiana Rakotondrazafy ne vienne pas dire que tout cela est le fait du régime précédent (qui a, entre autres, initié la réalisation du pipeline d’eau dans l’Androy sans qu’on le dise à l’inauguration et sous lequel les Barea ont obtenu leur qualification à la CAN). Car si on se contente de se rejeter la faute, nous ne sortirions jamais de la misère. Ce dont nos dirigeants en particulier, et nos politiciens et surtout nos opérateurs doivent faire est d’œuvrer ensemble pour que et le pays inspirent confiance.
Sa