Branle-bas de combat dans le milieu judiciaire en ce moment qui conforte d’une façon ou d’une autre encore plus aux simples citoyens le sentiment que non seulement la justice malagasy paraît bien injuste, car peu transparente mais en plus que le corporatisme est ce qui tue encore plus cette confiance déjà réduite à pas grand chose.
Le concours d’entrée à l’Ecole Nationale de la Magistrature est annulé et le Directeur Administratif et Financier est limogé pour soupçon de corruption apparemment. Face aux milliers de candidats et aux simples citoyens, voici l’explication de l’annulation du concours. Personne au sein du ministère de la justice ou de l’école de la magistrature n’a cru utile d’expliquer publiquement comment ils en sont arrivés à ce soupçon de corruption, ni qu’est-ce qui s’est passé exactement, le DAF en question aurait-il reçu de l’argent ou aurait-il pris de l’argent à des candidats ou aurait-il volé les sujets? Quelles mesures seront prises pour qu’après cette annulation, sans véritable explication publique au mépris de la transparence, les candidats puissent croire en la crédibilité du prochain concours, que les candidats puissent constater que cette fois-ci, il n’y aura plus suspicion de corruption, que le prochain concours sera au-dessus de tout soupçon? Le Directeur Administratif et Financier est-il corrompu et de quelle façon, qu’a-t-il fait? A-t-il fait les choses, seul ? Voilà des questions sur lesquelles il faut éclairer les simples citoyens à qui comme toujours, on rétorquera que « l’enquête est en cours » et que » le principe de la présomption d’innocence doit être respecté ».² Et c’est là que les simples citoyens préfèrent attendre les investigations du Bianco et attendent par la suite des juges anti- corruption qu’ils poursuivent le travail en toute transparence, sans privilégier l’impunité et en proscrivant le corporatisme judiciaire.
Car le corporatisme judiciaire est bel et bien là. Le SMM a saisi le Bianco suite aux déclarations de Houcine Arfa, si les investigations du Bianco sont probablement encore en cours, de son côté les structures du ministère de la justice ont avancé dans leurs enquêtes et procédé au déferrement entre autre d’un magistrat qui était le juge d’instruction en charge de l’affaire. Ni une ni deux le SMM sort sur sa page Facebook que les tribunaux seront fermés parce que leur collègue subit une forme d’injustice, que le nom de ce juge n’était pas le seul cité lors de cette affaire et que les autres personnes citées n’ont pas fait l’objet d’enquête. Voilà ce que le simple citoyen dénonce et ne peut pas accepter. Quand il s’agit d’un des leurs, alors même que nous n’en sommes qu’au stade de l’enquête, c’est une cause de fermeture des tribunaux, quand les choses ne prennent pas la tournure qu’ils veulent – car apparemment le SMM aurait voulu que la ministre et la procureur d’Antananarivo fassent aussi l’objet d’enquête et peut-être soient également arrêtées comme le juge Haingo Ramiandrisoa pour enquête -ils en viennent à l’extrême : fermer les tribunaux. Si ce n’est pas du corporatisme, qu’on nous dise ce que c’est! Mais mieux que ça, cela prouve donc que lors des enquêtes les magistrats peuvent épingler des gens pas forcément impliqués ou exigent d’épingler des personnes en particulier. On ne s’étonne donc pas de ce qui est très souvent dénoncé : que les témoins deviennent des prévenus dans les tribunaux malagasy. L’injustice dans toute sa splendeur a été mise à nu lorsque d’une part les magistrats ferment les tribunaux parce qu’un magistrat fait l’objet d’enquête et d’autre part parce que des magistrats auraient aimé que ce soit d’autres personnes qui fassent l’objet d’enquête ce qui met à nu les dysfonctionnements ou interventions et l’atteinte à l’indépendance. Et le simple citoyen, le simple justiciable se dit que la justice apparaît plutôt comme une injustice dans ces conditions et la transparence n’est pas le fort du ministère de la justice et le corporatisme à outrance dans le mauvais sens est ce qui fait vivre le Syndicat des Magitrats. Puisque le Bianco a été saisi de plainte dans l’affaire Houcine Arfa par le SMM lui-même et saisi également de plainte par rapport au concours d’entrée à l’ENMG le simple citoyen préfère attendre les investigations du Bianco qui semblent plus crédibles, que si le Bianco procède à l’arrestation pour enquête d’un juge que le SMM laisse le Bianco faire son travail et ne se mette pas à fermer les tribunaux, que si les personnes enquêtées par le Bianco ne sont pas celles que le SMM pense devoir être enquêtées que le SMM laisse le Bianco faire son travail… c’est le quotidien de tous ces simples citoyens qui ont affaire à la justice. On ne leur explique pas toujours clairement pourquoi ils sont placés sous MD ou pourquoi ils perdent un procès exactement comme aujourd’hui, on n’explique pas clairement les raisons profondes d’annulation des concours. On ne leur explique pas pourquoi la personne qui à leurs yeux a commis les méfaits est épargnée et que eux qui ont le sentiment de n’avoir rien fait sont placés sous MD. Ce que le SMM vit aujourd’hui et dénonce, pas forcément à juste titre, est le quotidien des justiciables malagasy. Et quand le Bianco est saisi, il y a toujours le souci que quand le Bianco transmet l’affaire à la justice, la justice en fait ce qu’elle en veut.
D.R.