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Madagascar – 2 ans de prison et 5 millions de dommages et intérêts pour un chef quartier qui a violé un enfant – La tribune de Diégo du 19 mars 2018

Un garçon de 12 ans a été abusé sexuellement et à de nombreuses reprises par le chef de son quartier Tanambao IV. Outre les blessures physiques graves dont il est atteint, l’enfant est aussi psychologiquement perturbé

L’enfant a été victime de viols répétés et actuellement il suit un traitement médical sévère. Les actes odieux du chef fokontany ont été démasqués par son épouse. L’affaire a été jugée et le verdict est tombé le 13 mars au tribunal de première instance d’Antsiranana. L’homme est condamné à deux ans d’emprisonnement et à une amende de 2 millions d’ariary, en plus de 5 millions ariary de dommages-intérêts.

Viols et menaces répétitifs

Le garçon vit chez sa grand-mère non loin du domicile du chef fokontany. Depuis le début de l’année 2017, la grand-mère de la victime a constaté un changement dans le comportement de son petit-fils. Il fait l’école buissonnière et fréquente beaucoup des salles de jeux vidéo. L’enfant faisait de longues siestes, mais il répondait par la négative lorsque la grand-mère lui demandait s’il n’était pas malade. Sa démarche était altérée, mais jamais sa grand-mère n’a soupçonné ce qui lui était arrivé. Le 20 février 2018, la femme du chef-quartier est allée voir la grand-mère de l’enfant. Elle a commencé par raconter ce qu’il se passait entre son compagnon et le gamin. C’est ainsi que la famille a commencé à interroger le garçon, celui-ci a révélé les abus sexuels dont il était victime. Le chef-quartier l’a menacé avec un objet électrique « si tu parles à quelqu’un de ce que je te fais je te mettrai le courant » avertissait l’auteur du viol. Après chaque rapport forcé, l’enfant recevait 3000 ariary. Comme la femme de ce chef fokontany part tôt pour le travail et ne rentre que le soir, l’individu a eu tout son temps pour faire ce qu’il voulait au garçon. Depuis le jour où la grand-mère a appris la vérité sur cette affaire, elle s’est adressée directement à la direction régionale chargée de la population. La direction en a informé la police et l’enfant a été emmené chez un médecin. La famille de l’enfant n’a pas eu accès aux résultats de l’examen, mais les spécialistes de l’Enfance ont tout de suite identifié un cas de viols répétés. Pendant une semaine, la famille n’a pas reçu de suite concernant l’affaire jusqu’à ce que la grand-mère soit retournée à la direction régionale de la Population et au commissariat de police. Le dossier a ensuite été déféré au parquet.

Un meilleur système pour protéger l’enfant ?

Le 1 mars, le chef fokontany a été placé sous mandat de dépôt pour cinq jours. Le procès s’est tenu le 6 mars au tribunal de première instance d’Antsiranana. Le verdict est tombé le 13 mars, le chef fokontany, auteur de l’abus sexuel écope d’une peine de 2 ans d’emprisonnement ainsi que le paiement de dommages-intérêts. L’enfant continue à recevoir des soins. Il n’est pas seulement malade physiquement mais il est également mentalement perturbé. Les parents de la victime s’inquiètent de la suite malgré ce jugement car le violeur a répété maintes fois à la famille qu’il connait de personnes haut placées et qu’il est inutile de le poursuivre. Cette affaire conduit à des questionnements sur la bonne moralité des personnes auxquelles sont confiées des responsabilités dans la lutte contre la violence envers les enfants. Depuis des années, la population a été sensibilisée pour informer ou signaler les cas de maltraitance aux Fokontany. Mais dans le cas présent, c’est la personne à qui les doléances auraient dû être adressées qui est reconnue coupable de violence. Dans cette affaire de Tanambao IV, si la compagne du chef-quartier violeur n’avait pas dénoncé ces actes, l’enfant aurait continué à souffrir pendant encore longtemps. L’exécution effective de la condamnation est déjà une bonne avancée dans la lutte contre la violence envers les enfants.

■ C. Angeline


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