L’ampleur des vindictes populaires en ferait la deuxième cause d’insécurité. Un fait qui ébranlerait l’autorité de l’Etat et montrerait l’échec de l’institution judiciaire.
Un acte courant, banalisé et impuni. C’est l’image retenu par le Haut-commissariat aux droits de l’homme s’agissant des vindictes populaires. Dans un rapport présenté, hier, cette entité onusienne souligne que « la justice populaire a pris tellement d’ampleur qu’elle est devenue le deuxième fait d’insécurité au niveau national, à côté du phénomène dahalo ».
Présentant les résultats d’une étude faite du 1er juillet 2016 au 31 août 2018, le rapport présenté, hier, à l’hôtel Ibis Ankorondrano, fait état de cent-huit cas de vindictes populaires durant cette période et de et de cent-cinquante-deux mort et soixante-et-un blessés. Dans certaines parties de la Grande île les actes de lynchage seraient liés aux vols de bovidés ou encore, de vanille.
Les localités enclavées où la présence de l’Etat est moins ressentie, seraient des terreaux de la justice populaire. Sous un angle global, le rapport avance comme raison de prévalence du fléau, les crises politiques, notamment, la période transitoire. Elle aurait fragilisé l’environnement institutionnel et économique. L’autorité de l’Etat a ainsi été ébranlée et le fonctionnement des institutions et des autres structures étatiques e été déréglé.
Le Haut-commissariat relève, par ailleurs que le manque de recevabilité, la corruption et l’impunité ont accentué davantage la faible performance du système judiciaire et sécuritaire (…). Ces trois paramètres auraient entraîné une perte de l légitimité, de la Justice et des Forces de l’ordre et de la sécurité, au regard des administrés.
Echec institutionnel
Le corporatisme, à l’exemple de la vindicte populaire à Antsakabary, et le communautarisme, qui amène des communautés ou des membres d’une ethnie à brandir la menace d’une émeute sans la libération d’un des embourbé dans une affaire judiciaire, seraient aussi, des causes de justice populaire. Ce phénomène qui met à mal l’Etat de droit est considéré comme l’ échec de la justice institutionnelle, affirme le rapport.
Le document ajoute même que la banalisation, des vindictes populaires seraient proportionnelle et consécutive aux abus et exactions des acteurs judiciaires, sécuritaires et étatiques. « La justice populaire apparait comme le dernier recours (…) pour la grande majorité de la population, surtout en milieu rural », déplore le Haut-commissariat aux droits de l’homme. A cela s’ajoutent certains dina, des pactes villageois non homologués qui autorisent la mise à mort des malfaiteurs présumés.
Le fait que les vindictes soient des actes de groupe rendrait difficile la sanction, car il serait difficile d’identifier les auteurs. Rares seraient, également, les personnes prêtes à témoigner sur des actes de justice populaire. En marge de la présentation du rapport, hier, Noro Vololona Harimisa, ministre de la Justice, a martelé le caractère illégal et répréhensible des vindictes populaires.
« Qu’importe les raisons, ce sont des actes illégaux. Il ne faut pas se résoudre à l’absence de confiance envers le Justice. La lutte contre les vindictes est l’affaire de tous », plaide la garde des sceaux. Plus que la violation de la loin le rapport d’hier indique, qu’annihiler les vindictes populaires, au même titre que les dahalo et le grand banditisme revient à préserver la paix sociale.
Garry Fabrice Ranaivoson