Traduit devant le Pôle anti-corruption, hier, le transitaire a été ensuite placé sous mandat de dépôt à Tsiafahy. Il est accusé de blanchiment de capitaux et de fraude fiscale.
La maison de force de Tsiafahy. C’est là que Mbola Rajaonah, homme d’affaires, a été placé en détention préventive en attendant son jugement. Cette décision a été prise par le juge d’instruction du Pôle anti-corruption d’Antananarivo (PAC), hier, à l’issue d’une audition d’un peu plus de trois heures.
«Blanchiment d’argent et fraude fiscale», seraient les charges retenues contre le transitaire anciennement proche de l’ancien couple présidentiel. Arrêté à Antsahabe, mercredi, Mbola Rajaonah a été enquêté et gardé à vue à par la brigade criminelle d’Anosy. Il a, ensuite, été déféré au parquet du PAC, hier, aux alentours de 15 heures.
Il était près de 18 h 30, lorsque l’homme d’affaires est sorti des locaux du PAC, sis aux 67 ha, pour être directement placé en détention préventive à Tsiafahy. Le choix de la maison de force de Tsiafahy a suscité des questions.
Contacté, le parquet du Pôle anti-corruption explique qu’une personne peut y être placée en détention préventive s’il est accusé de «crime». La source ajoute que «le blanchiment de capitaux est un crime».
Nébuleuse
Selon le parquet du PAC, deux dossiers impliquant le transitaire ont été instruits, hier. D’autres vont encore faire l’objet d’une instruction, «mais nous n’avions eu le temps que d’examiner ces dossiers, aujourd’hui [hier]» indique la source. Joint au téléphone à l’issue de l’enquête au fond, maître Eric Rafidison, avocat de l’homme d’affaires, indique qu’en effet, deux dossiers concernant son client ont été instruits, hier.
À entendre les diverses explications sur la tourmente judiciaire de Mbola Rajaonah, toutefois, l’affaire semble nébuleuse. Le parquet du PAC affirme que cette entité judiciaire n’a pas déclenché la procédure d’arrestation du transitaire. Le Pôle est, toutefois, compétent pour «les infractions économiques et financières (…) qui sont d’une gravité ou complexité particulières», prévoit la loi l’instituant.
Selon maître Rafidison, deux dossiers attendaient l’enquête au fond de son client, hier. L’un d’entre eux serait une affaire de «chèque sans provision».
Celle-ci aurait été la raison de l’arrestation musclée de l’homme d’affaires sur le parking d’un grand magasin, à Antsahabe, jeudi. Le second dossier serait « l’affaire pour laquelle mon client a été convoqué à plusieurs reprises par le BIANCO [Bureau indépendant anti-corruption], à la fin de l’année dernière», ajoute l’avocat.
La tornade judiciaire au centre de laquelle se trouve le transitaire a démarré, en décembre. Le Bureau d’Ambohibao a décidé de convoquer, pour enquête, le transitaire et de procéder à des perquisitions à son domicile, à Ambohimahintsy, et à son bureau, à Antsahabe.
Une enquête sur des malversations douanières serait l’objet de cette démarche du Bureau anti-corruption. Une source avisée chuchote que d’autres dossiers impliquant l’homme d’affaires seraient, également, en cours d’investigation auprès du Bureau d’Ambohibao.
La source ajoute, par ailleurs, que «le BIANCO a sa manière de procéder, d’autant plus que le premier dossier concernant Mbola Rajaonah, traité par le BIANCO sera déféré devant le PAC, demain [aujourd’hui)». La convocation des personnes mises en cause dans ce dossier, dont le transitaire aurait déjà été envoyé« depuis quelques jours».
L’arrestation de l’homme d’affaires, mercredi, et son placement en détention préventive, hier, sont néanmoins, considérés, du côté d’Ambohibao, comme « un concours de circonstance positive qui permet de s’assurer que la mise en cause peut répondre devant la justice des actes qui lui sont imputés ». Dans cette affaire où le démarrage souffre, de prime abord, d’un vice de procédure, la certitude semble être que l’homme d’affaires soit happé par plusieurs dossiers d’infractions financières assortis de charges relativement graves.
Garry Fabrice Ranaivoson