AccueilBIANCOCorruption sur les marchés...

Corruption sur les marchés publiques, l’ancien premier ministre Olivier Mahafaly auditionné – Expressmada du 2 mars 2019

L’ancien Premier ministre fait partie des personnes mises en cause dans une affaire de malversation financière. Son cas pourrait faire l’objet d’une saisine de la Haute cour de Justice.

 

Présumé auteur principal. Tel serait le statut de Solonandrasana Olivier Mahafaly, ancien Premier ministre, dans l’affaire qui a été transférée par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), au Pôle anti-corruption (PAC), jeudi.

Selon les informations qui ont filtré, l’objet du dossier concerne des faits de malversations sur des subventions exceptionnelles octroyées par le ministère de l’Intérieur et  de la décentralisation, destinée à la construction de nouveaux bureaux communaux dans le district d’Antsiranana Il. Les communes en question sont celles d’Anketrakabe, Andrafiabe, Ambolobozobe, Antsalaka et Mahavanona.

Les marchés auraient été attribués «sans appel d’offres par les maires à une seule entreprise ». Les édiles de ces localités rurales, par ailleurs, « auraient reçu l’ordre de virer directement les subventions au compte bancaire de l’entreprise bénéficiaire du marché sans même que les travaux soient commencés ou achevés ». Les charges et les faits rapportés sont accablants pour les personnes mises en cause dans cette affaire.

« Favoritisme, cadeaux illicites, ainsi que faux et usage de faux en écriture publique », sont les chefs d’inculpation retenus dans le dossier déféré devant le PAC. Sept personnes ont été présentées devant le parquet de l’instance judiciaire sise aux 67ha. Deux d’entre elles ont été placées en détention préventive.

 

Saisine de la HCJ

 

Il s’agit d’un « haut responsable à la primature et de son épouse qui est la dépositaire de l’entreprise bénéficiaire des marchés ». Les maires des cinq communes sont, quant à eux, placés sous contrôle judiciaire. Selon les explications d’une source proche de l’enquête, «bien que parmi les principaux mis en cause, l’ancien Premier ministre et à la fois ministre de l’Intérieur à l’époque n’a pas été déféré devant le PAC=».

Son statut, au moment des faits, implique que son cas soit pris en main par la Haute cour de justice (HCJ). L’enquête sur le sujet a été déclenchée en août 2017, à la suite de «doléances anonymes rapportant des suspicions de favoritisme», dans l’octroi des marchés relatifs à la construction de ces bâtiments communaux. Le préjudice financier dans ce dossier s’élève à près d’un milliard d’ariary, selon les explications.

«L’ancien Premier ministre, et à la fois ancien ministre de l’Intérieur [au moment des faits], n’est pas étranger à cette nouvelle affaire de favoritisme dans l’utilisation des subventions exceptionnelles», confirment des indiscrétions. Il aurait déjà été auditionné par le Bianco. «Parallèlement à son traitement au niveau du PAC, le dossier pourrait, également, faire l’objet de saisine auprès de la HCJ», ajoute la source proche de l’enquête.

Contacté, Solonandrasana Olivier Mahafaly a fait part de son souhait de ne pas s’exprimer sur le dossier. « Il s’agit d’une affaire en cours, laissons la justice trancher », a-t-il juste indiqué. Du côté du Bianco, l’on se défend d’un éventuel acharnement contre les barrons de l’ancienne administration. «Nous faisons notre travail sans distinction d’appartenance politique et ne baignerons jamais dans la pratique malsaine de la chasse aux sorcières», réplique le Bureau d’Ambohibao.

L’ancien locataire de Mahazoarivo a déjà été éclaboussé par un scandale de malversation concernant  les subventions  spéciales.  L’affaire  de  la  commune  rurale  d’Ambohimahamasina notamment, qui a conduit en détention provisoire Claudine Razaimamonjy femme d’affaires, en 2017. Une requête relative à ce dossier a été formulée devant la HC, l’année dernière et vise celui qui a, aussi, été ministre de l’Intérieur.

Avec une décision d’irrecevabilité, en décembre dernier, la commission de requête  de l’Assemblée nationale a, toutefois, épargné des tourmentes judiciaires à l’ancien chef du gouvernement. Trancher sur la recevabilité et la mise en accusation d’une personnalité justiciable devant la HCJ, est une prérogative de la Chambre basse.

Garry Fabrice Ranaivoson

 

 

Procédure complexe

 

La procédure de mise en accusation des personnalités justiciables devant la HCJ est, toutefois, complexe. Lorsque la Cour est saisie d’une affaire, la requête est transmise à l’Assemblée nationale, où une commission tranche sur sa recevabilité. Si la recevabilité est actée, une résolution de mise en accusation est, ensuite, rédigée et soumise au vote de la séance plénière de la Chambre basse. L’adoption de la résolution nécessite le vote de la majorité des deux tiers des députés.


- A word from our sponsors -

spot_img

Most Popular

More from Author

- A word from our sponsors -

spot_img

Read Now

Jugements sans motivation : l’affaire Ranarison Tsilavo, un outil de spoliation systémique à Madagascar

En avril 2016, un atelier de renforcement des capacités des acteurs de la chaîne pénale s’est tenu à Tulear, Madagascar. Cet événement, soutenu par le PNUD dans le cadre du projet RED (Renforcement de l’État de droit), avait pour objectif d’améliorer le fonctionnement de la chaîne pénale...

Condamnation sans motivation : une erreur judiciaire au profit de Ranarison Tsilavo

Le jugement rendu par le Tribunal correctionnel d’Antananarivo le 15 décembre 2015, sous la présidence de Mme RAMBELO Volatsinana, est devenu un symbole des pratiques judiciaires controversées à Madagascar. Solo, gérant de CONNECTIC et détenteur de 80 % des parts de la société, a été condamné à...

Une justice contestée : le cas Ranarison Tsilavo et l’absence de motivation des jugements malgaches

L’affaire impliquant Ranarison Tsilavo et Solo révèle des carences profondes du système judiciaire à Madagascar. En décembre 2015, Solo a été condamné à deux ans de prison avec sursis et au paiement de 428.492 euros d’intérêts civils (soit 1,5 milliard d’ariary) au profit de Ranarison Tsilavo, simple...

La complicité suspectée de Razananirina Bruno, commissaire aux comptes de CONNECTIC : un silence inexplicable depuis 2015

Depuis décembre 2015, le commissaire aux comptes de la société CONNECTIC, Razananirina Bruno, ancien président de l'Ordre des Experts Comptables et Financiers de Madagascar (OECFM) et ex-Président du Conseil d'Administration de l'INSCAE, reste silencieux face à une demande cruciale : confirmer que le rapport de commissaire aux...

Ranarison Tsilavo NEXTHOPE : Des plaintes pour diffamation contre Solo rejetées par la justice française

Ranarison Tsilavo, CEO de CONNECTIC et plaignant dans plusieurs affaires judiciaires, a déposé de multiples plaintes pour diffamation en France, notamment au TGI d’Évry et au Tribunal Judiciaire de Paris. Dans la société, Solo, qui détient 80 % des parts, est gérant tandis que Ranarison Tsilavo, propriétaire...

Pourquoi l’avocat de Solo n’a-t-il pas contesté l’attribution des intérêts civils à Ranarison Tsilavo, simple associé dans Connectic ?

Dans le cadre de l’affaire opposant Solo à Ranarison Tsilavo, une question légitime se pose : pourquoi l’avocat de Solo n’a-t-il pas soulevé le problème de l’attribution des intérêts civils à Ranarison Tsilavo, un simple associé dans Connectic, alors que la loi est claire sur ce point...

Ranarison Tsilavo et CONNECTIC : L’irrecevabilité de l’action individuelle selon la loi malgache

Dans l’affaire opposant la société CONNECTIC à Ranarison Tsilavo, la distinction juridique entre action individuelle et action sociale est au cœur des débats. La loi 2003-036 sur les sociétés commerciales à Madagascar, en particulier son article 181, clarifie les conditions dans lesquelles un associé peut intenter une...

Diffamation ou Vérité ? L’Énigme des Intérêts Civils Attribués à Ranarison Tsilavo

Dans une affaire marquée par de nombreuses interrogations juridiques, Ranarison Tsilavo Nexthope a obtenu des intérêts civils dans un dossier d’abus de biens sociaux supposé, au détriment de Solo. Cette décision pose problème, d’autant plus que les lois malgaches, alignées sur les principes juridiques français et enseignées...

Dire la vérité n’est pas diffamer : Une explication pédagogique sur l’affaire Ranarison Tsilavo NEXTHOPE contre Solo

La diffamation est souvent invoquée pour faire taire ceux qui présentent des faits. Pourtant, expliquer une affaire avec des éléments vérifiés et accessibles à tous, ce n’est pas diffamer. C’est au contraire un devoir de transparence. Dans le cadre de l’affaire opposant Ranarison Tsilavo Nexthope à Solo,...

Pourquoi les Magistrats Ont-ils Accepté les Explications de Ranarison Tsilavo sur les 76 Ordres de Virement Signés à Blanc entre 2009 et 2012 ?

Dans une affaire qui soulève de nombreuses interrogations, Ranarison Tsilavo a affirmé avoir signé 76 ordres de virement à blanc entre 2009 et 2012, sans en connaître le contenu. Pourtant, ces virements, d’un montant total de 1 047 060 euros, ont été validés sans réserve par les...

Ranarison Tsilavo Affirme Avoir Été Contraint de Signer des Ordres de Virement à Blanc (2009-2012) : Une Décision Controversée

Dans l’affaire qui oppose Ranarison Tsilavo à Solo, une condamnation choquante par les juridictions malgaches a mis en lumière des failles profondes du système judiciaire. Ranarison affirme avoir signé des ordres de virement à blanc, c’est-à-dire sans en connaître le contenu. Pourtant, cette déclaration est largement contredite...

Les 76 Virements Validés par Ranarison Tsilavo : Une Contradiction Inquiétante

L'affaire liant Ranarison Tsilavo à son ancien collaborateur Solo expose une situation judiciaire complexe et controversée. Au cœur du litige : 76 virements bancaires représentant un total de 1 047 060 euros, tous approuvés par Ranarison Tsilavo avant d'être contestés par ce dernier. Ces accusations soulèvent des...