Après le passage du célébrissime fugitif Houcine Arfa sur les ondes de la radio française RTL, les autorités malgaches n’ont pas tardé à réagir. La ministre de la Justice ainsi que le ministre de la Communication, porte-parole du Gouvernement ont apporté des démentis et des précisions sur certains points du dossier.
Dans une récente interview qu’il a accordée à cette station radio du groupe français M6, l’évadé de Tsiafahy a parlé du payement d’une somme de 70.000 € à la ministre de la Justice pour son évasion, ainsi que d’une soi-disant fonction au sein de l’administration malgache. Notamment en tant que conseiller du Président de la République. Et bien, d’après les autorités malgaches, Houcine Arfa dit faux sur toute la ligne.
En effet, pour ce qui est de son évasion moyennant le payement de 70.000 € à la ministre de la Justice, le directeur de cabinet d’Alexandrine Rasolo explique. « C’est absolument faux ! C’est sa manière de décrédibiliser la justice malagasy qui l’a condamné et le mandat d’arrêt international lancé par Mme la ministre ». Ainsi donc, pour le ministère de la Justice malgache, l’objectif de l’évadé de Tsiafahy est clair, c’est de trouver refuge auprès de l’opinion publique française. Il espère de la sorte échapper aux geôles françaises. La justice malgache qui, en lançant le mandat d’arrêt international à son encontre, s’attend néanmoins à ce qu’il purge sa peine de trois ans d’incarcération dans les prisons françaises.
En tout cas, Andry Rabarisoa, le directeur de cabinet du ministère de la Justice annonce d’ores et déjà que les autorités malgaches ne se laisseront pas faire. « Nous démentons catégoriquement et nous ne nous laisserons pas salir de cette manière. Au contraire, on va poursuivre jusqu’au bout la procédure internationale. Il doit être arrêté en France selon les accords de coopération, purger le rester de sa peine là bas et être jugé en France pour évasion », affirme-t-il.
Usurpation de titre
Ces propos du directeur de Cabinet du ministère de la Justice rejoignent ceux du porte-parole du Gouvernement. En effet, Harry Laurent Rahajason évoque « l’entraide judiciaire » entre la France et Madagascar et martèle l’obligation de la France d’arrêter et d’emprisonner Houcine Arfa. De même, le porte-parole du Gouvernement revient sur les raisons de l’incarcération de ce spécialiste militaire français.
Harry Laurent Rahajason explique qu’Houcine Arfa a été condamné à une peine d’emprisonnement de trois ans, par la justice malgache au mois de novembre 2017 pour usurpation de titre, extorsion de fonds et détention d’armes de guerre. Apparemment Houcine Arfa n’a jamais été un conseiller du Président de la République, malgré les propos qu’il a ténus au micro de la RTL. A la RTL, Houcine Arfa avait raconté qu’il était conseiller de Hery Rajaonarimampianina en matière de sécurité intérieur et de sécurité personnel du Président et qu’il était même payé 17.000 € mensuel pour cette fonction. Mais d’après Harry Laurent Rahajason cela n’a jamais été le cas.
Le porte-parole du Gouvernement explique en effet qu’il n’y a jamais eu de décret de nomination établi au nom de ce Houcine Arfa. Une personnalité qu’il n’a jamais rencontrée et qu’il ne connaît donc pas. L’exécutif malgache nie ainsi toute relation avec le militaire français. Une thèse tout à fait plausible, vu que le porte-parole du Gouvernement et non moins ministre de la Communication confond le nom d’Houcine Arfa à celui du footballeur Ben Arfa. De la sorte Harry Laurent Rahajason estime qu’Houcine Arfa est de ceux qu’on appel dans le jargon familier « un petit minable ».
Complicité
Ainsi donc, pour les autorités malgaches, Houcine Arfa n’est qu’un « petit minable » qui tente d’incendier tout le système judiciaire malgache. La preuve d’ailleurs est que, dans ses propos à la RTL, Houcine Arfa n’a plus voulu livrer les détails de son évasion depuis la prison de Tsiafahy pour dit-il « ne pas gêner » ceux qui l’ont aidé. Il ne veut donc pas gêner ceux qui l’ont aidé, mais cela ne l’a pas empêché de vendre la mèche au sujet de la ministre de la Justice. Ne gêne-t-il pas là la garde des Sceaux malgaches, en affirmant que seule la ministre ou le Président de la République pouvait le sortir de prison, et qu’il a payé 70.000 € à la ministre de la Justice.
Visiblement, il ne s’agit pas du tout là de « ne pas gêner ». Le but est tout autre ; c’est de faire tomber la tête de la ministre de la Justice et de tout le système judiciaire. En tout cas, le porte-parole du Gouvernement a tenu des propos qui dédouanent Alexandrine Rasolo. En apportant notamment des précisions sur les circonstances de l’évasion d’Houcine Arfa.
Harry Laurent Rahajason explique qu’effectivement le ministère de la Justice a signé un ordre d’évacuation sanitaire du détenu le 14 décembre 2017. Mais l’évasion date du 28 décembre. Ce jour du 28 décembre, le porte-parole du Gouvernement explique qu’il n’y avait plus d’ordre d’évacuation sanitaire mais que c’est l’infirmier major qui a décidé du billet de sortie. Donc une première irrégularité émanant du personnel pénitentiaire. Mis à part l’infirmier major, il évoque aussi la responsabilité des deux gardes pénitentiaires qui ont accompagné Houcine Arfa. Harry Laurent Rahajason trouve trop simpliste la version des deux gardes comme quoi un véhicule 4×4 leur a bloqué le chemin du côté d’Ampandrianomby. La complicité d’évasion se trouverait de la sorte du côté du personnel pénitentiaire.
Mandimby Tsiferana.
http://lalignedemire.mg/article/Houcine%20Arfa%20:%20%C2%AB%C2%A0Un%20petit%20minable%C2%A0%C2%BB%20incendiaire