Houcine Arfa est la série du moment qui tient en haleine (ou pas) les lecteurs des journaux quotidien.
Et suivant à la fois la presse française que la presse malgache, c’est assez marrant d’assister aux deux versions qui font chacune couler de l’encre dans deux coins du monde opposé.
Si nous retraçons l’origine de cette histoire, tout commence le 28 décembre où Houcine Arfa, vendu comme l’ennemi publique n°01, s’évade de prison. Sa photo est à la une de tous les journaux. Avec sa sale tête de boxer, il est montré du doigt comme un dangereux criminel. Les journaux relatent son histoire en quelques lignes, voulant nous resituer qui est ce Houcine, ce fameux bandit « armé et dangereux ». Entre autres, ex conseiller de la sécurité du président, il aurait voulu tuer le président lors de la fête nationale du 26 Juin. Ah ?
Je me gratte la tête et bien qu’étant une lectrice assidue des journaux, je ne me souviens plus qu’il y eu une tentative d’assassinat sur la bonne bouille du président. Ma faute, j’ai surement pas été assez attentive des informations du jour. Je demande à l’amoureux, il n’en a guère le souvenir non plus. Soit.
Et aujourd’hui, des mois plus tard, c’est ainsi que le président justifie sa vitre pare balle qu’il avait fait installer pendant la cérémonie du 26 Juin et qui avait tant fait jaser la population. Ah mais c’est bien sur ! Il a bon dos Mr Houcine Arfa !
Suite à ça, ce cher Houcine est incarcéré dans l’une des pires prisons du monde (c’est lui qui le dit) où il aurait été torturé, roué de coup, où des gardes ivres lui aurait uriné dessus (ça aussi c’est lui qui le dit). Puis, grâce à ses relations bien, très bien (!!) placé, il aurait pu organiser son évasion. Et en quelques mouvements, il atterri sur le sol de Paris. Bien.
Les journaux de l’île continue à cracher leur haine sur ce dangereux criminel qui a fuit le pays et lance une procédure d’extradition afin qu’il finisse se taire à jamais. Oups, je veux dire, à fin qu’il puisse purger sa peine qui lui ai du. Madagascar appelle à la France, demandant une collaboration et leur rendre Houcine.
Sauf que les tournures prennent une direction inattendue. Houcine, au lieu de se retrancher dans un petit coin perdu et se faire oublier, le voilà en train de parler aux journaux. Il devient « le français évadé ». Il fait une interview sur RFI, il parle au journal Le Parisien. Et il dénonce.
Il dit être au courant de corruption grave au sein du gouvernement et annonce qu’il a payé 70 000 euros à la ministre de la Justice et 30 000 euros de plus à son assistant pour son évasion. Pam. Même d’où je suis, j’ai bien senti le coup tellement il a frappé fort. Ce n’est pas un ex boxeur pour rien.
Mais voilà. Cette mauvaise publicité pour Madagascar ne plait pas à tout le monde et certain voit très rouge. Bien sur, dès le lendemain, certains journaux (trop) politarisés lui consacre une page entière essayant tant bien que mal de montrer quel gros menteur est cet Houcine.
« N’oublions pas que ce sont les paroles d’un évadé de prison ! » lance le premier ministre.
Et n’oublions pas qu’il a pu s’évader très, trop, facilement, aurait on envie de lui répondre.
Pourtant le doute subsiste. La confiance entre le peuple et le gouvernement à Madagascar est rompue depuis bien trop longtemps pour que l’on puisse ignorer les propos de Houcine Arfa.
Pourquoi se montre-t-il à la presse, au lieu de se trouver un lieu retranché s’il était vraiment coupable ? Pourquoi la justice française ne fait elle rien contre lui s’il y a vraiment un mandat d’arrêt international à son nom ?
La facilité de son évasion et aujourd’hui les propos tenus à la presse ont tendance à ridiculariser le pays et fait passer le gouvernement pour une bande d’incompétent. Alors que le cyclone Ava a frappé fort le pays, peu de temps plus tard, c’est au tour du cyclone Houcine de faire des dégâts dans le paysage politique.
Ça doit être la saison.