Le système judiciaire malagasy semble être en panne. Evasion de prisonniers, recrudescence des vindictes populaires, grève qui plane au sein des agents pénitenciers…Rien va plus à Faravohitra, siège du ministère de la Justice
La foudre abattue actuellement par l’évadé français, Arfa Houcine Yerres, sur le toit du paisible ministère de la Justice malagasy continue de faire des ravages. Au mois de janvier, cet ancien collaborateur du Président de la République, Hery Rajaonarimampianina, a accusé la garde des Sceaux, Alexandrine Elise Rasolo d’ête une corrompue à 70 000euros. Et aussi la procureure de la République. Balisama Odette Razafimelisoa, d’être une vendue à 30 000 euros. C’était la mèche qui a tout déclenché. Depuis, cette institution accumule les mauvais points aux yeux de l’opinion publique.
A commencer par l’évasion de trois prisonniers, l’un jugé très dangereux de la maison centrale d’Antanimora la semaine passée. L’un d’eux est un assassin, déjà jugé pour meurtre et vol. L’autre est un faussaire redoutable et le dernier un énergumène de la pire espèce. Mettant au grand jour la vétusté d’un système judiciaire et carcéral aussi vieux que la bâtisse coloniale du ministère de la Justice à Faravohitra, avec ses murs aigris par le temps et son style ancestral. Du coup, il a été facile pour les évadés d’escalader un mur et de se trouver dehors. Au nez et à la barbe des agents pénitentiaires.
Une situation qui risque encore de durcir la situation entre le personnel pénitentiaire et la ministre de la Justice. Décidément, cette dame assez discrète, avec des airs de gentille poupée russe, est devenue en deux mois la star des médias. En effet, celle-ci n’a pas manqué de fustiger les gardiens de prison pour leur laisser aller dans l’affaire Arfa Houcine Yerres. Permettant à ce dernier de s’enfuir en France depuis l’hôpital Ravoahangy Andrianavalona à Anosy. Par presses interposées, les deux protagonistes se sont jeté la responsabilité. Pour finir, deux agents pénitentiaires ont été incarcérés. Par contre, les signataires des différents ordres n’ont pas été touchés. Loin de là, certains se pavaneraient déjà dans leur bureau.
A côté de cela, les justices populaires reprennent de plus belle dans plusieurs Régions de Madagascar. Le cas le plus notable a été celui du sexagénaire, accusé de vol, at tabassé à mort par un étudiant en droit de l’université de Fianarantsoa. De plus, sa mort a été atroce. Les photos du présumé voleur, les cheveux grisonnants, cachant son visage avec ses mains et le jeune homme soulevant moellon ont circulé sur les réseaux sociaux. Sans attendre, les policiers se sont mis à rechercher l’étudiant. Mais avant cela et après cela, plusieurs cas de vindicte populaire ont été répertoriés. A l’heure o l’Etat s’attèle sur les « Tribonaly mitety vohitra » ou « Tribunaux par monts et collines »pour inciter les gens dans les Régions isolées à s’inscrire sur la liste électorale et à faire leur carte d’identité.
Décidément le pouvoir central préfère se focaliser sur les élections présidentielles sans date, tandis que le phénomène « vindicte populaire» semble regagner les mœurs. Les tenants du pouvoir seraient capables d’envoyer des représentants du pays, mais ils sont incapables de régler et de faciliter la Justice quand il le faut. Avec les cas d’insécurité grandissante, les Forces de l’ordre font parfois défauts dans la traque des « dahalo ». La population est encline à vouloir se faire justice elle-même. Dans le cas des régions rurales, c’est devenue presque une règle si les éléments de la Gendarmerie n’interviennent pas à temps. Sans doute trop occupée à se dégager les cailloux qui la gênent depuis l’affaire Arfa Houcine Yerres, la ministre de la Justice n’a pas le temps de considérer ces situations.
Mais le bal continu, les agents pénitentiaires veulent aussi faire la grève. C’est du moins ce que ces derniers projettent de réaliser dans les prochains jours ou semaines. Il y a de grosses épines dans les pieds de la ministre puisque ces agents pénitentiaires ont la réputation d’être de vrais combattants. Avec à leur tête, un syndicat assez puissant. Si jamais les agents pénitentiaires font grèves, le système carcéral sera grandement fragilisé. Apparemment, ça sent la poudre dans les murs de la bâtisse coloniale à Faravohitra. Il est facile d’imaginer l’ambiance lors des semaines à venir diront sur l’avenir de cette chef d’institution.
Le kidnapping d’un homme d’affaire à Toamasina a encore mis la Justice malagasy devant le fait accompli. Quand les policiers ont mené leur enquête, le nom d’une certaine Stéphane est réapparu. Cette dernière est considérée comme le chef d’un gang de kidnappeurs notoire. Devenue richissime à cause de cette activité, elle a été finalement arrêtée, voilà qu’elle continue encore de faire parler d’elle. A se demander si cette criminelle est passée par les mains de la Justice malagasy ou non, si elle s’est une fois dans sa vie tenue devant des juges au tribunal. Pourtant, elle serait une véritable pieuvre très dangereuse. Les regards se tournent donc vers l’appareil judiciaire concernant cette marraine de l’enlèvement dans la Capitale de l’Est. Si les enquêtes confirment sa participation dans cet enlèvement, la Justice ne pourra pas se défier. Elle y est impliquée jusqu’au cou. Et il faut savoir si la ministre aura le cran pour faire l’éclaircissement sur cette affaire.