Des suspicions de corruption couvent au concours d’entrée à l’ENMG. Des voix comme celle de la CNIDH réclament l’annulation du processus.
Corruption et trafics d’influence. Tels seraient les motifs de suspicion autour du concours d’entrée à l’École nationale de magistrature et des greffes (ENMG). Un concours dont le test de présélection s’est déroulé le 6 février. À l’instar de la Commission nationale indépendante des droits de l’Homme (CNIDH), des voix demandent l’annulation du concours.
Dans un communiqué qu’elle a publié, hier, la CNIDH interpelle le ministère de la Justice et les autorités étatiques. « La Commission demande que la présente session soit annulée si les suspicions de corruption sont avérées, et que les responsables, y compris les personnalités qui se seront rendues coupables de pressions pour l’admission de tels ou tels candidats, soient sanctionnés, et les sanctions rendues publiques », rapporte la missive.
Pour la Commission des droits de l’Homme, qui aurait reçu des doléances concernant ces suspicions, il y va de la restauration de la confiance des citoyens envers la Justice et, à terme, de l’État de droit. Selon les informations, le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), aurait aussi demandé à ce que le concours en cours soit annulé. Que le processus soit repris au début et qu’en soient écartées toutes les personnes concernées, de près ou de loin, par les soupçons.
Pour le Bureau d’Ambohibao, qui aurait ouvert une enquête à la suite de plaintes et de renseignements, un tel concours ne devrait être entaché d’aucun soupçon de malversation. Les indiscrétions indiquent que des indices tendraient à confirmer l’existence de velléités d’intervention malveillante dans le processus du concours. Cependant, au stade actuel de l’enquête, nous ne sommes pas encore en mesure de dire par qui, pour qui et comment. À la fin de la semaine dernière, une perquisition auprès de la direction financière de l’ENMG a été annulée.
Condition résolutoire
« Le directeur administratif et financier a pris la fuite lorsqu’il s’est aperçu qu’il s’agissait d’une perquisition. La procédure devant se faire en présence du responsable, a donc été annulée », indique une source proche du dossier. « Pourquoi ce responsable a-t-il fui s’il n’a rien à se reprocher, ou s’il n’y a rien à cacher ? », ajoute-t-elle. Des auditions de personnes concernées par les préparatifs et la réalisation du concours se seraient, par ailleurs, déroulées au Bureau d’Ambohibao, cette semaine.
Pour le Bianco, l’annulation du concours serait une condition sine qua non et résolutoire, de sa participation à la convention tripartite devant assurer l’intégrité du processus d’admission à l’ENMG. Contacté, Angelain Rasamimanana, directeur général de l’École, balaie l’idée d’une annulation du concours. « Il n’y aura ni annulation ni reprise du processus. C’est le Bianco qui soupçonne quelque chose, mais jusqu’ici, il n’y aucune preuve de fraude, de fuite de sujet ni de quoi que ce soit d’autres », réplique-t-il. Le directeur général affirme que le concours se déroule dans les meilleures conditions.
Néanmoins, une réunion entre l’ENMG, le ministère de la Justice, le Bianco et le ministère de la Population, la semaine prochaine, devrait trancher sur le sujet. À propos de la perquisition, il soutient qu’aucune perquisition n’a été faite à l’ENMG. Elle a été annulée par l’autorité judiciaire qui en a donné l’autorisation. En réponse à la Commission des droits de l’homme, Angelain Rasamimanana déclare que ce qui se passe à l’École ne concerne en rien la CNIDH.
Pourtant, d’après Seth Andriamarohasina, rapporteur de la CNIDH, toute corruption ou trafic d’influence dans les concours d’entrée aux grands corps de l’État, représente une forme de violation des droits de l’homme, en ceci qu’ils lèsent les méritants, bloquant ainsi l’ascenseur social. Il relève du mandat de la CNIDH de veiller à ce que pareils traitements inégalitaires ou népotisme ne rongent plus la société.
Dans son communiqué, la Commission soutient, du reste, que la corruption au sein de la magistrature est l’une des plus néfastes, car elle peut avoir pour conséquence de graves violations des droits de l’Homme. Elle soulève l’exemple des vindictes populaires dont l’une des causes est la méfiance vis-à-vis de la probité et de la compétence du magistrat.
Garry Fabrice Ranaivoson
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