Élise Alexandrine Rasolo a annoncé l’annulation des épreuves d’entrée à l’École nationale de la magistrature et du greffe à cause d’une suspicion de corruption.
Coup de massue. Ce fut l’effet de l’annonce de la ministre de la Justice, Élise Alexandrine Rasolo, qui a déclaré hier, lors d’un point de presse à Faravohitra, l’annulation des épreuves de présélection et d’admissibilité à l’École nationale de la magistrature et des greffes (ENMG). « Sont annulées les épreuves de présélection du 6 février 2018 pour les candidats au concours de recrutement des élève-magistrats et les épreuves d’admissibilité du 7 février 2018 pour les candidats au concours de recrutement des élève-greffiers », a-t-elle déclaré. Le but étant de garantir une légitimité plus grande du concours. Elle a invoqué comme raison de l’annulation des suspicions de corruption perpétrée par le directeur des affaires et de l’opération budgétaire de l’école.
Ce sera au nouveau directeur des affaires financières de l’ENMG d’organiser de nouvelles épreuves qui doivent avoir lieu dans trois à quatre semaines.
L’ancien directeur des affaires financières et de l’opération budgétaire de l’ENMG, quant à lui, sera poursuivi par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco). Il a d’ailleurs déjà fait l’objet d’une enquête par ce bureau à propos d’un trafic d’influence autour du concours d’entrée à l’ENMG de cette année. D’après les informations, il « a pris la fuite » au moment où les enquêteurs allaient procéder à une perquisition.
Existence de preuves
Pourtant, contacté encore vendredi, le directeur de l’ENMG, Hugues Rajoelina, a déclaré qu’aucune annulation ne se produirait juste à cause d’une suspicion. « Il n’y aura ni annulation ni reprise du processus. C’est le Bianco qui soupçonne quelque chose, mais jusqu’ici, il n’y aucune preuve de fraude, de fuite de sujet ni de quoi que ce soit d’autres », a-t-il martelé. D’ailleurs, toujours selon lui, il n’y avait eu aucune perquisition à l’École, car « l’ordre a été annulé par celui qui l’a donné ».
Le Bianco de son côté n’entend pas lâcher l’affaire de sitôt. Selon son directeur général, Jean Louis Andriamifidy, il existe des preuves qui permettraient de le poursuivre. « Nous ne pouvons pas divulguer quelles sont ces preuves, mais nous allons le poursuivre », a-t-il soutenu. Cela impliquerait qu’une poursuite pénale sera engagée à l’issue des enquêtes du Bianco. Du côté du ministère de la Justice, tout porte à croire qu’elle signera une autorisation de poursuite à l’égard de l’inculpé, étant donné que c’est le même ministère qui a l’a abrogé de cette fonction.
Selon le directeur de la communication du ministère de la Justice, Jérémie Napou, ces épreuves seront réalisées sans trop de changement. « Les candidats garderont leur convocation et leur salle d’examen. Il leur faut juste présenter leur carte d’identité », a-t-il expliqué. Selon lui, la correction des dernières épreuves ne doit pas être très avancée. « Le ministère et le Bianco ont soupçonné de la corruption dans tout le processus. La demande du Syndicat des magistrats ajoutée à cela, nous avons décidé d’annuler toutes les épreuves », a-t-il expliqué.
Il incombe ainsi au nouveau directeur des affaires financières de l’école d’organiser de nouvelles épreuves dans un délai de trois à quatre semaines, sans l’ajout d’autres candidats et avec de nouveaux sujets gardés secret jusqu’au jour de l’examen.
Loïc Raveloson
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