Enfin ! La voix de la raison remportait. Ramenée sur le chemin de la conscience, Elise Alexandrine Rasolo, Garde des Sceaux, ministre de la Justice, avait pris une décision utile et … courageuse. Lors d’un point de presse à son bureau, à Faravohitra, elle annonçait que les épreuves du 6 février et du 7 février à l’Ecole nationale de la magistrature et de greffe (Enmg) ont été annulées. Les futurs élèves-magistrats et ceux des greffiers devront patienter. Et ce, pour « garantir la légitimité des concours », selon Mme la ministre. Suite à des soupçons de corruption, ajouta-t-elle, la décision s’imposait.
Pour le Dg du Bianco, Andriamifidy Jean Louis, il ne s’agirait pas seulement des suspicions mais des faits avérés de corruption. Preuves à l’appui, le maitre de « La piscine » d’Ambohibao ne tient pas du tout à raccrocher. De son côté, la Commission nationale indépendante des droits de l’homme (Cnidh), en menant ses propres enquêtes, convaincue qu’il existe formellement des relents de corruption, réclamait, avec insistance, l’annulation des concours. Pour sa part, le Syndicat des magistrats, emboita le pas en exigeant des enquêtes. Bref, la ministre de la Justice, acculée au mur, n’avait d’autre choix et cela en dépit de la réaction, quelque peu, arrogante du Dg de l’Enmg selon qu’il n’y avait aucune raison de s’inquiéter, encore moins, d’annuler les concours. Au final, la voix de la raison l’emportait. Le fait que le directeur financier, premier responsable de l’organisation matérielle desdits concours, se serait enfui, il y a anguille sous roche ! A terme, dans le cas où les faits de corruption serait matériellement et publiquement avérés ou prouvés, la démission sinon le limogeage du Dg de l’Enmg, également, coulerait de source.
De la dernière publication de Transparency Internationnal (IT), Madagascar, relégué au 155è rang, perd 10 places. Un recul net par rapport à 2016. Le tableau de bord du pays, en termes de lutte contre la corruption, voit rouge.
Il se trouve que le département de la Justice caracole en première place des secteurs les plus corrompus, à Madagascar, suivi de près par la Gendarmerie. Des efforts colossaux doivent être consentis, fournis. La Grande île avec ses 25 millions d’âmes ne mérite pas d’une telle humiliation.
Selon l’avis des observateurs, y compris celui du Dg du Bianco Jean Lewis Andriamifidy, il est question surtout d’un manque de volonté politique de la part des dirigeants malagasy. Les tenants du régime Hvm entretiennent, sciemment, le flou dans l’entreprise de la lutte contre la corruption. Les auteurs de concussion et de rétorsion d’argent publics courent toujours à l’air libre. En fait le gros poisson des actes de corruption bénéficieraient des faveurs de l’impunité de la part du haut commandement du pouvoir central. Le traitement de certains dossiers y afférents traine les pieds dans les couloirs ou se fait « enterrer » dans les casiers de la Justice.
Il est donc temps qu’on réagisse ! La décision prise par la ministre de la Justice s’inscrit dans la ligne droite d’une remise sur le bon chemin de ce secteur profondément miné par le fléau. Il faut l’encourager d’aller, encore d’avantage, de l’avant. Il y a fort à faire !
Enfin, une petite lueur d’espoir luit pour venir à bout de ce combat de titan.
Ndrianaivo