Depuis que Madagascar est indépendant, la compétence a toujours été sanctionnée. Effectivement, nos institutions ont été gangrenées par la politique qui a tenu à l’écart les citoyens malgaches les plus pointus dans leurs filières, pour mettre sur ses rampes de lancement la fusée appelée médiocrité. Il est vrai que plus de 75% des places de responsabilité sont occupées par les cocos (copains-cochons), qui sont loin de la compétence requise pour l’exigence demandée par le poste en question. Non seulement le profil de la personne est défaillante, mais ni l’humilité, ni l’empathie et encore moins l’honnêteté ne sont présentes dans l’escarcelle de qualités de cette dernière.
1- En ce qui concerne l’humilité, quand une nouvelle équipe gouvernementale arrive au pouvoir, leur leitmotiv est de clamer haut et fort que le pouvoir est à elle. Alors, tout ce qui fut auparavant est déclaré caduc parce que les nouveaux venus sont désormais les vrais dépositaires du savoir. Leurs premières actions sont donc de suspendre, sinon de faire table rase sur les réalisations et projets en cours du mandat présidentiel précédent. Le résultat de toutes ces tribulations est le triste constat que dans notre pays, la continuité de l’Etat n’est pas toujours assurée. Alors, on est tout le temps en perpétuel recommencement, justifiant ainsi l’énorme retard que nous avons en termes de développement.
2- L’absence d’empathie de nos gouvernants est vérifiée par la nonchalance perçue qu’ils ont adoptée dans la lutte contre la pauvreté. Se sentant bien dans leur confort moral et financier, toute honte bue ils ont vite fait d’oublier les pauvres pataugeant dans leur détresse. Pas plus tard que la semaine dernière, l’inauguration d’un jardin qui a coûté 7 milliards d’ariary (SIC) s’est faite en grande pompe, en la présence de nombreuses personnalités gouvernementales et parlementaires. A croire que l’inauguration de ce jardin était la réalisation la plus importante de ce gouvernement. On y a trouvé peut-être des trésors cachés capables de nous sortir des méandres de la pauvreté (Lol). Pour les observateurs, ces gesticulations de nos autorités s’apparentent plutôt à des abandons de poste qu’eux-mêmes ont sanctionnés chez les fonctionnaires. Tout ce brouhaha créant des embouteillages monstres s’est déroulé sous les yeux de poissons frits de nos pauvres hères dont la survie est précaire à cause de l’inflation galopante. En bref, la moralisation des actions ainsi que la priorisation des urgences sont des notions carrément ignorées par tout le staff dirigeant.
3- La corruption partout et dans tout, qui nous met au rang des pays les plus corrompus de la planète, illustre le manque d’honnêteté presque généralisé des administrations publiques et privées.
Quand les rênes du pays sont aux mains de la médiocrité agissante successive, il ne faut plus s’étonner de la décadence sociétale que nous vivons actuellement. Aucune institution gouvernementale ne veut en son sein une compétence qui prône l’honnêteté. Cette dernière est dangereuse pour les intérêts financiers de toute la clique. Après qu’ils se soient enrichis par la corruption, le trafic d’influence et l’abus de pouvoir, la priorité de nos dirigeants est maintenant de protéger les acquis et leurs arrières par n’importe quel moyen. Alors, il faut éviter d’avoir de collaborateur compétent et honnête parmi eux. Ce dernier risque en effet d’être l’élément perturbateur d’un mécanisme bien huilé dans l’enrichissement illicite. Pour ces gens qui nous gouvernent, l’esprit d’équipe doit prévaloir avant tout…
Max Randriantefy