NORO ANDRIAMAMONJIARISON
« L’insécurité est généralisée à Madagascar »
Madagascar peut mieux faire dans la mesure où toutes les conditions sont réunies concernant la relance de son économie, a fait savoir la présidente du Groupement des entreprises de Madagascar (Gem), Noro Andriamamonjiarison, l’invité de l’émission « Ambarao » sur l’Alliance 92, hier. Ce chef d’entreprise est revenu sur la question de l’insécurité généralisée qui présente un réel obstacle pour le développement des activités économiques dans le pays.
« Ce n’est pas la grande euphorie et ce n’est pas complétement satisfaisant », c’est ainsi que Noro Andriamamonjiarison, présidente du Gem, a défini l’environnement des affaires à Madagascar. Bien évidemment, ce membre du secteur privé a abordé, entre autres, l’insécurité grandissante dans toutes ses formes à Madagascar.
« On est dans une insécurité généralisée à Madagascar » ? a soulevé la présidente du Gem « Nous avons demandé à rencontrer le secrétaire d’Etat à la Gendarmerie et le ministre de la Sécurité publique à ce propos. Et nous avons noté avec satisfaction cette rencontre sur le thème de l’insécurité organisée au palais de Mahazoarivo. Mais il est nécessaire que cette réunion soit suivie de fait », a-t-elle précisé.
En effet, il est d’abord question d’une insécurité physique à Madagascar, « Tous sont confrontés à l’insécurité actuellement. On a pu voir aussi l’important développement de l’industrie du kidnapping en milieu rural. Ce qui est chose inacceptable, vu cela semble montrer une certaine complicité au niveau des forces de l’ordre. Il faut une réelle volonté de l’Etat pour mettre un terme à ce fléau », a enchainé Noro Andriamamonjiarison.
Insécurité juridique et judiciaire
Par ailleurs l’insécurité juridique et judiciaire est un aussi un autre facteur de blocage pour les investissements à Madagascar. La présidente du Gem d’avancer à ce sujet que « des textes en vigueur ne sont pas adaptés. L’interprétation des lois est parfois fantaisiste. Parlons par exemple des taxes publicitaires dans la Loi de finances. Les régisseurs et la commune urbaine d’Antananarivo ont chacun leur interprétation sur ce texte ».
En parlant d’insécurité dans l’approvisionnement d’énergie, Noro Andriamamonjiarison a expliqué : « L’approvisionnement en énergie en ce moment ne procure pas la sécurité attendue pour développer les entreprises. Puisque, malgré tout ce qu’on dit, il existe toujours des coupures et il se passe encore une journée entière où on est obligé de déployer le groupe électrogène ».
Manque de visibilité sur les accords d’échange
En outre, l’opérateur a fait part de ses inquiétudes sur le manque de visibilité relatif aux nombreux accords d’échanges internationaux signés par Madagascar, « Ces conventions ont pourtant des impacts immédiats au niveau des entreprises. C’est le cas de la zone de libre échanges Comesa et Sadc, signé sans vraiment de concertation avec le secteur privé. Nous avons également été alertés par une réunion sur la zone de libre-échange continental où la partie malgache a été représentée au Rwanda. J’ai contacté le ministre du Commerce le matin, celui-ci a rassuré que Madagascar ne signera pas. Mais au final, dans l’après-midi, Madagascar a ce qu’il fait toujours/ c’est-à-dire, s’aligner sur tous les autres par peur peut-être de se distinguer ou par peur de défendre directement ses intérêts. Et j’espère qu’on aura encore l’occasion de discuter sur ce sujet ».
Pour cet opérateur économique, « Il y a certainement des conventions intéressantes pour Madagascar mais il est nécessaires qu’il y ait quelqu’un qui se préoccupe de leur impact, de leur mise en œuvre, … ».
« Il faut dire que l’économie ne pourra pas marcher seule si l’Etat ne se positionne pas en tant que facilitateur. Voilà ce que le secteur privé demande. On ne s’attend pas à ce que l’Etat nous aide ou nous donne des subventions, mais qu’il facilite et allège les procédures », a-t-elle conclu.