Après l’annonce officielle de sa candidature à la Présidence, Fanirisoa Ernaivo, la très controversée présidente du Syndicat des magistrats de Madagascar, revient au-devant de la scène avec un discours trop lisse et sa prétendue soif de justice et de vérité, brandis en avant pour se donner un genre. Des propos qui étayent le fait qu’au final, ses actions jusqu’ici, n’ont été motivées que pour servir ses intérêts politiques.
Devant le micro des journalistes, Fanirisoa Ernaivo a dit. « Si nous avons fait partie des décideurs, grâce à moi et mes suiveurs, on aurait certainement emprisonné un nombre considérable de personnes et coupé quelques têtes si la peine de mort était appliquée à Madagascar. Mais en tant que syndicaliste, on ne pouvait que dénoncer et négocier ». Des propos indignes d’un futur président mais plus précisément allant à l’encontre de ce qu’elle a toujours prôné, c’est-à-dire l’indépendance de l’institution judiciaire malgache. Alors que le pays a fait une avancée notoire dans la dépolitisation de la justice, Fanirisoa Ernaivo tente de nous ramener des années en arrière à travers un comportement qui favoriserait la mainmise de l’Exécutif dans les affaires judiciaires.
Son slogan qui évoque l’importance de l’Etat de droit pour le développement, son logo de campagne qui ressemble étrangement à celui du ministère de la Justice, Fanirisoa Ernaivo veut incarner, à elle-seule, la justice malgache. Lors de l’élection des membres du Conseil supérieur de la Magistrature (CSM), elle a voulu faire un lynchage public des candidats afin de dévoiler les affaires les concernant. Ce qui justifie un peu le fait que sa candidature soit soutenue par des partis politiques étrangers aux mouvements syndicaux qu’elle a menés. Pire, auparavant, elle avait une certaine aura au niveau de ses pairs membres de l’institution judiciaire, après la déclaration qu’elle a faite concernant le climat sur le plan judiciaire. « Je ne suis pas d’accord avec la mise en place de la Cour spéciale pour connaître les affaires de bois de rose, du Pôle Anti-corruption, de la Haute cour de Justice, car c’est comme favoriser certaines catégories de personne mais également c’est une perte d’argent », avait-elle soutenu. Au-delà des visions idéalistes d’une justice égale pour tous, le côté technique a été mis de côté par ce magistrat qui vise la présidence. Dans une obligation de résultat, surtout face à la lutte contre la corruption, l’instruction de ces dossiers par une Cour sSpéciale permettra d’accélérer le processus. Ce n’est plus un secret pour personne que l’institution judiciaire malgache est noyée dans les affaires à instruire. Une lenteur en désaccord avec l’urgence de la lutte contre la corruption.
Armée d’un glaive, Fanirisoa a toujours prétendu de se battre pour l’indépendance de la Justice et vu les contradictions dans ses discours, il est clair et net maintenant que depuis, elle n’a fait que la promotion de sa personne pour se porter candidat à la présidentielle. Une victoire qui est encore loin d’être gagnée.
N.H.