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Prison d’Antanimora – Conditions de détention Andry sorti de l’enfer – La ligne de mire du 11 août 2018

Au cœur de la capitale se trouve la prison d’Antanimora accueillant plus 3 500 détenus. Andry en faisait partie mais a récemment trouvé sa liberté. Il témoigne des conditions misérables auxquelles sont confrontés quotidiennement les prisonniers : conditions d’hygiène médiocre, nourritures pourries, dortoirs délabrés,…

Chaque matin est différent, on doit revivre chaque jour tous les cauchemars d’une journée passée dans une maison de détention, affirme Andry. Parfois, Il est très difficile de manger la même nourriture tous les jours, une fois dans la journée. En effet, «  nous sommes obligés de nous lever à 7 heures du matin, et que chacun possède au moins une heure pour se doucher dans un milieu invivable » annonçait encore Andry. Il existe 8 boxes de douche sans toit pour plus de 3000 prisonniers. « Ce qui est très compliqué pour la plupart d’entre nous, puisque qu’on est tous entre gars. Le complexe ne permet pas à certains prisonniers de  prendre la douche régulièrement, moi y compris ». C’est après la douche que les agents pénitentiaires passent à l’appel, suivi du culte à 9 heures. Jusque-là, c’était juste de la routine de tous les jours. Après le culte chacun va à sa besogne habituelle ; apparemment la majorité des prisonniers préfère tous jouer au foot ou au basket pour se distraire un peu. Mais le problème est que jouer nécessite un bon appui nutritionnel, ce qui est impossible, alors  la plupart décide de ne rien faire pour économiser plus d’énergie.

A noter que « j’ai considéré la vie en prison comme un enfer terrestre ». La majorité des détenus souffrent, le problème de nourriture persiste, vu que les détenus ne se nourrissent qu’une fois par jour, il s’agit du manioc sec qui n’est même pas cuit. Les activités de préparation de nourriture sont par ailleurs attribuées aux administrations pénitencières. «  Jusqu’à maintenant, je n’arrivais pas toujours à me débarrasser le goût du manioc non cuit dans ma bouche » affirme encore Andry. En effet, on appelle la prison, « village de manioc la craie ». Par ailleurs, les détenus ne bénéficient du riz avec du haricot qu’aux périodes des fêtes, fournis par l’Etat malgache. Certes, il existe des détenus chanceux qui  se nourrissent de riz de temps en temps, grâce au soutien de leur famille. Pourtant ce n’était pas toujours le cas,  il y a des familles qui abandonnent au bout de quelques mois. Toutes ces activités  se terminent par un contre appel à 17 heures ; c’était à partir de ce moment-là que l’enfer commence.

L’homosexualité règne

On parle ici de la prison pour homme, les besoins sexuels restent un grand problème pour la plupart des détenus, affirme encore Andry. « Je n’étais pas concerné par cette situation, mais je tiens a affirmer l’existence de l’envie sexuelle entre gars à l’intérieur des murs de la prison ». Comme dans la vie quotidienne hors prison, la prostitution existe aussi dans les prisons, sauf que cela se présente d’une autre manière. Le besoin nutritionnel contre le besoin sexuel, c’est ça le marché de sexe dans la prison, affirmait Andry. «  Un  prisonnier offre du sexe contre une assiette de riz ». Pour d’autres, le sexe entre homme est devenu une habitude. «  Il n’existe pas un endroit spécialisé pour les actes sexuels en prison, les couples homosexuels le font au vu et au su de tous les détenus de la même chambre. C’est répugnant mais, c’est la réalité. Certains d’entre eux s’appellent même « rafotsy », ce qui prouve que leur relation est un peu plus sérieuse ».

A part le sexe, le non-respect du droit de l’homme règne également en prison. « On  était au nombre de 120 personnes dans une chambre prévue pour 5 à 9 personnes maximum ». Face à cette surpopulation, « on était obligé de s’organiser nous-mêmes pour avoir des places pour dormir. Une personne désignée, nous signalait tous les soirs le moment où on devait se retourner, et tout le monde obéit ».

En prison également, on était aux risques de diverses maladies. En effet, la propagation rapide des épidémies est très évidente. Andry a expliqué que «  l’endroit n’était  pas aussi spacieux alors qu’on était nombreux à l’intérieur et on suffoquait vite de chaleur. Lorsque quelqu’un était malade, ou revenait de l’infirmerie, il risquait de contaminer les autres parce qu’on était collé les uns aux autres. Et le plus difficile était durant la période de la propagation de la peste. On nous a informé l’existence de cette maladie, vu que l’équipe du ministère de la Santé Publique était venue pour l’assainissement à Antanimora. On nous a expliqué par ailleurs que la peste est causée par l’insalubrité, sauf qu’on vit généralement dans l’insalubrité totale. Certes, on est des prisonniers, mais on a peur également de mourir. Alors c’était la panique totale ». racontait encore Andry. Et le plus grand de notre souci était la médiocrité des soins auprès de l’infirmerie.

 Des petits commerces en prison

 A Antanimora, les petits commerces ne sont pas interdits. Andry a expliqué qu’on peut trouver une épicerie à l’intérieur des murs de la prison. « On vend presque tout à l’intérieur, il y a même de la vente des cigarettes. Ce que je ne vais pas affirmer, c’est comment les détenus ont parvenu à posséder un briquet ? Chose qui est normalement interdite », selon Andry. En effet, j’avais un ami possédant une épicerie en prison. En général, c’est sa famille qui lui fournit chaque semaine les produits à vendre, et ce avec une vérification stricte des agents pénitentiaires », affirme encore Andry. Et là on parle du commerce plutôt légal, et ce pour aider les détenus à avoir une meilleure condition de vie. Par contre, Andry a également affirmé l’existence du commerce illégal comme la vente de drogue, c’est une affaire entre les prisonniers. «  Encore une fois, je ne peux pas vous affirmer la provenance de ces produits. Je ne fais que dire ce que j’ai vu et ce que j’ai vécu en prison ».

Réforme nécessaire

Ce que je souhaite c’est la réforme auprès de la prison d’Antanimora, affirme Andry, et ce, pour que les détenus puissent avoir des vies carcérales plus vivables que j’ai vécues. Un souhait qui s’avère exact. En effet, c’est à cause de cette vie carcérale misérable que les associations doivent intervenir, comme L’Association des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture et de la peine de mort (ACAT). Une association qui effectue chaque année des actions pour soutenir les personnes en détention, surtout concernant leur réinsertion sociale. A part les associations, pour le respect des droits humains, le gouvernement malgache doit procéder à l’élaboration d’un projet de réhabilitation et extension des maisons de détention à Madagascar, surtout pour la Capitale. A noter que la surpopulation carcérale est un problème de longue haleine pour la Grande île. Selon Andry, l’amélioration de la vie carcérale est encore un long chemin, vu que la gestion des fonds pénitenciers, les détenus ainsi que le commerce de location de cellule demeurent un problème.

Nampoina R

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