Info TPI, une solution pour redorer l’image d’une justice qui a perdu depuis bien longtemps la confiance de sa population.
A Madagascar, c’est un message et un signal fort que le ministère de la Justice envoie à la population et aux policiers, gendarmes, juges, avocats ou personnels pénitentiaires. Dans le cadre du projet d’informatisation de la chaîne pénale du pays soutenu par l’Union européenne, un logiciel a été testé dans plusieurs tribunaux de l’île. Le but est d’améliorer l’administration de la justice pénale et de limiter au maximum les possibilités de corruption à chaque étape du traitement d’un dossier. La phase de test a été concluante. Le logiciel devrait être déployé dans tous les tribunaux pénaux du pays d’ici janvier prochain. RFI s’est rendu à Vatomandry, sur la côte est de l’île, dans l’un des tribunaux pilotes.
Dans la petite salle de comparution du tribunal de Vatomandry, Saotra Rakoto, le procureur, auditionne un prévenu. « Là, je viens de scanner la fiche navette qui atteste bien que j’ai reçu ce dossier-là et non un autre », explique-t-il. Depuis que le logiciel InfoTPI a fait son apparition dans son tribunal il y a cinq mois, chaque action du personnel judiciaire commence systématiquement par un coup de scanner. Le logiciel enregistre en temps réel chacun des faits et gestes des différents intervenants sur le dossier informatique du justiciable.
« Avec InfoTPI, on a la garantie que toutes les pièces sont scannées avec un code barre. On peut les retrouver n’importe quand. Donc, si quelqu’un voulait supprimer un dossier, il faut qu’il se logue d’abord, et ce sera tracé où ça a été supprimé et par qui. Le but de tout ça, au niveau de la chaîne pénale, c’est d’assurer une transparence dans la lutte contre la corruption, et pour les usagers, la célérité et la traçabilité de leur dossier », détaille le magistrat.
En effet, autre nouveauté, grâce à un ordinateur mis à disposition au tribunal, le justiciable peut lui aussi se connecter à son dossier pour savoir où en est la procédure, entre les mains de qui et quelle sera la prochaine étape. Une vraie avancée pour l’information des justiciables.
Toutefois, le logiciel n’est pas une baguette magique, rappelle le procureur. Pour que le déploiement soit effectif, cela nécessite quelques conditions sine qua non. « Pour que ça marche, il faut vraiment que ça devienne une obligation d’usage pour les utilisateurs. Ça dépendra beaucoup de l’implication et du leadership du ministère de la Justice », affirme-t-il. Une solution pour redorer l’image d’une justice qui a perdu depuis bien longtemps la confiance de sa population.