« Le recours à la détention pour des catégories spéciales de délinquants (les femmes enceintes ou les mères de nouveau-nés ou de jeunes enfants, par exemple) devrait être restreint et l’on devrait s’efforcer de ne pas prononcer des peines d’emprisonnement prolongées pour ces catégories ».
Huitième Congrès des Nations unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants
« Je ne sais pas pourquoi je suis ici. C’est mon mari qu’on accuse […] J’ai dit au juge que je ne savais rien sur cette affaire et que je ne devrais pas être impliquée. Mais il n’a rien dit, à part que je serais placée en détention préventive. »
Après son arrestation, son mari a lui aussi été placé en détention, ce qui ne lui laissait pas d’autre choix que de faire venir son enfant en prison. Elle a fait part à Amnesty International de la difficulté de vivre dans de telles conditions en étant enceinte :
« J’ai besoin de rentrer chez moi. Le fait d’avoir un bébé et d’en attendre un autre pour bientôt est un gros problème. Je n’ai pas assez d’air [ici], et la nourriture n’est pas comme celle de l’extérieur ».
La MC d’Antsirabe comptait alors 31 autres femmes en détention préventive, dont près d’un quart étaient elles aussi accompagnées d’un bébé ou enceintes. La proportion de femmes en détention préventive avec enfant ou enceintes était similaire dans les autres établissements pénitentiaires visités par Amnesty International.
Les conditions de détention des femmes en attente de jugement bafouent leur droit à la dignité et à la santé établi par le droit international127 et notamment par le protocole de Maputo, ratifié par Madagascar128. Dans les établissements pénitentiaires, les installations médicales sont totalement insuffisantes. Médecins et médicaments sont pratiquement absents des infirmeries. Les femmes, notamment celles qui ont de jeunes enfants ou qui sont enceintes, manquent de soins adaptés et ont du mal à faire face à ces conditions de détention.
La plupart des établissements pénitentiaires ne disposant pas d’ambulance ou de véhicule en état, l’équipe de recherche d’Amnesty International a entendu beaucoup de témoignages de femmes enceintes obligées de se rendre à l’hôpital à pied ou en « taxi-brousse129 » pour accoucher.
À la maison centrale de Manakara, par exemple, Amnesty International s’est entretenue avec Mimi*, qui allaitait son bébé, âgé de deux semaines. Au moment de l’interview, Mimi avait déjà passé sept mois en détention, poursuivie pour possession illégale d’une arme130. Elle faisait partie des nombreuses femmes enceintes ou avec enfants en détention préventive.
« J’ai dû faire deux kilomètres à pied pour aller accoucher à l’hôpital ».
« Parfois, quand la famille ne peut pas payer, c’est le personnel pénitentiaire qui règle avec son propre argent letaxi-brouss epour conduire quelqu’un à l’hôpital»,
a déclaré à Amnesty International le directeur régional chargé de la supervision de cet établissement.
Le recours injustifié, excessif, prolongé et abusif à la détention préventive pour les femmes, notamment celles qui sont enceintes ou qui vivent avec des enfants en bas âge et qui sont poursuivies pour des infractions mineures et non violentes, contrevient aux obligations du pays en matière de droits humains et met gravement en péril le bien-être physique et mental de ces femmes.
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