Deux affaires à la fois glauques et nauséabondes. C’est ainsi que Raphaël Jakoba un des auteurs des articles publiés dans le dernier numéro de la Revue de MCI qualifie deux affaires qui ont marqué l’année 2018.
La première concerne « Stork International Gmbh » et la seconde le « MOU » (Memorandum Of Understanding) conclu entre une entité malgache, l’AMDP (Agence Malagasy de Développement économique et de Promotion des entreprises) et un Consortium chinois pour 330 navires de pêche qui sillonneront les eaux de Madagascar.
Vache à lait
Il s’agit selon Raphaël de « deux affaires à la fois louches, sordides, voire peu ou pas transparente, et d’une profonde répugnance dans l’ordre intellectuel ou moral ». Pour l’affaire « Kraomita », par exemple, il s’agit d’une exploitation minière qui peut être considérée comme un des fleurons de l’industrie minière malgache. Malheureusement « Kraomita » est aussi devenu une vache à lait des tenants successifs du pouvoir. Et elle n’a pas échappé à la règle en 2018 avec cette affaire où pour la redynamiser, l’Etat malgache s’est engagé dans des accords financiers avec le groupe russe STORK INTERNATIONAL et a contracté des emprunts d’une valeur de 6.400.000 USD en mai 2018. Suite à ces emprunts, plusieurs accords ont été conclus avec les Russes dont un accord de partenariat avec la société FERRUM MINING ayant pour objet de créer une coentreprise dénommée « KRAOMA MINING SA» dans laquelle FERRUM MINING détiendrait 80% du capital social contre 20% pour « Kraomita ». Cet accord a ensuite conduit à la conclusion d’un certain nombre de contrats d’amodiation, au profit de la nouvelle entreprise, et d’une promesse de transfert des infrastructures, des matériels et équipements liés à l’exploitation ainsi que l’ensemble du personnel de « Kraomita ». Absence d’appel d’offres, défaut de justification de l’intérêt économique, constitue autant d’anomalies qui amènent à qualifier cette affaire de « favoritisme » vis-à-vis des Russes et consistant à procurer ou tenter de procurer un avantage injustifié par un acte contraire aux dispositions législatives ou réglementaires ayant pour objet de garantir l’égalité d’accès et l’égalité des candidats dans les marchés publics et les transferts contractuels de gestion des services publics.
Pillage
Quant au « MOU » (Memorandum Of Understanding) conclu le 5 septembre 2018 à Pékin, pour une durée de dix ans entre l’AMDP (Agence Malgache pour le Développement économique et la Promotion des entreprises) et le consortium d’entreprises chinois « Taihe Century », c’est une promesse d’investissement à hauteur de 2,7 milliards USD par la société Taihe dont 700 millions de dollars seront consacrés à l’exploitation des ressources halieutiques par une flotte de 330 navires chinois, lesquelles ressources seront ensuite exportées vers la Chine. « Autant dire un pillage dans les règles de l’art de nos eaux territoriales bien connues pour leurs richesses halieutiques ». Cet accord a pour objectif de jeter les bases d’une « économie bleue » à Madagascar, or 330 navires de pêche sur les côtes malgaches risqueraient non seulement de nuire aux activités des pêcheurs traditionnels mais cela risque également de renforcer la surexploitation des ressources halieutiques nationales. Face à ces deux affaires, le BIANCO est appelé à procéder aux enquêtes d’usage.
Recueillis par R.Edmond.