Des magistrats victimes de menaces et de pressions d’après le président de la magistrature de Madagascar – Midi madagasikara du 18 juin 2019

Dysfonctionnement de l'appareil judiciaire malgacheDes magistrats victimes de menaces et de pressions d'après le président de la magistrature de Madagascar - Midi madagasikara du 18 juin 2019

Un bras de fer vient d’être engagé entre le Syndicat des Magistrats de Madagascar et ceux qui exercent des pressions pour la libération de ces militaires incarcérés à Tsiafahy.

Les magistrats n’entendent pas céder aux pressions. Le message a été délivré hier par Clément Jaona, président du SMM (Syndicat des Magistrats de Madagascar), qui a tenu hier une conférence de presse à Anosy. Il a ainsi dénoncé les pressions dont les magistrats font actuellement l’objet sur le traitement du dossier pénal relatif à l’affaire impliquant 27 militaires, qui sont depuis le 09 juin 2019 placés sous mandat de dépôt à la Maison de force de Tsiafahy. « Laissez les juges faire leur travail. Si ces militaires sont incarcérés à Tsiafahy, c’est parce que les charges sont suffisantes pour ce mandat de dépôt. Ces militaires ont commis des actes répréhensibles par la loi. S’ils ont appréhendé trois individus qu’ils ont soupçonnés de détention illégale d’armes, ils devaient se conformer à la procédure prévue par la loi, au lieu d’avoir eu recours à l’exécution sommaire de ces trois individus. En tout cas, ce n’est pas la première fois que des éléments des forces de l’ordre ont commis des bavures. Ils ont perpétré des meurtres à Tsaratanàna et dans d’autres endroits de Madagascar, sans rappeler les cas de viol et de cambriolage dont certains d’entre eux ont été responsables », a fulminé le président du Syndicat des Magistrats de Madagascar.

Mutinerie. D’après Clément Jaona, les magistrats en charge de l’instruction du dossier relatif à l’affaire impliquant les 27 militaires incarcérés à Tsiafahy font même l’objet de menaces de mort. « Pire, des militaires menacent qu’ils vont organiser une mutinerie si leurs frères d’armes ne sont pas libérés », a révélé hier le numéro Un du SMM. La question qui n’a pas été abordée lors de la conférence de presse d’hier et dont les observateurs veulent avoir la réponse, porte sur l’identité de ceux ou celles qui exercent ces pressions sur la justice. Hier, Clément Jaona s’est contenté d’affirmer que des membres d’institution et du gouvernement feraient partie des auteurs de ces pressions. A rappeler que des proches des 27 militaires placés sous mandat de dépôt à Tsiafahy ont crié l’innocence de ces derniers en estimant qu’ils n’ont fait qu’exécuter des ordres. Quant à lui, le ministre de la Défense Nationale, Richard Rakotonirina, a réitéré l’instauration de l’Etat de droit et le respect de la discipline au sein des forces de l’ordre. Les 27 militaires incarcérés à Tsiafahy sont accusés d’enlèvement, de séquestration et d’assassinat des trois individus exécutés sommairement et jetés dans le fleuve d’Onive, dans la commune d’Ampitatafika, district d’Antanifotsy. Soupçonnés de détention d’armes illégale, ces trois individus ont été arrêtés à Ambohimahasoa le 20 mai 2019.

R.Eugène

 

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