Le site d’information avait publié deux photographies d’Axel Loustau bras tendu, les qualifiant de « salut fasciste ».
Poursuivi pour diffamation par ce proche de Marine Le Pen et condamné en première instance pour avoir publié deux photographies de lui bras en l’air devant son gâteau d’anniversaire et les avoir qualifiées de « salut fasciste », Mediapart a été relaxé en appel, mercredi 13 juin.
Marine Turchi avait souligné au cours de l’audience de première instance, en septembre, la position du bras « particulièrement à la verticale (…) pouce bien replié sur la main et les doigts collés », comme dans les saluts nazis, mais aussi l’engagement de l’ancien leader du GUD (Groupe union défense) au sein de l’extrême droite radicale. Axel Loustau – trésorier du microparti de la présidente du FN, Jeanne, et l’un des ordonnateurs des campagnes électorales frontistes, avec sa société les Presses de France – entretient en effet un CV sulfureux dans un parti désormais rebaptisé prônant la « dédiabolisation ». Selon des témoignages recueillis par Marine Turchi, il aurait ainsi participé à des soirées consistant à porter des pyjamas rayés, en référence aux prisonniers des camps de concentration, entre « blagues » sur les Juifs et discours révisionniste. Sans compter ses visites en Espagne dans les années 1990 à l’ancien Waffen SS belge Léon Degrelle.
Serieux de l’enquête
En première instance, le procureur avait estimé que la journaliste avait « manqué de prudence », et que l’utilisation du terme « salut fasciste » valait donc diffamation. Le tribunal correctionnel l’avait suivi, condamnant le directeur de la publication de Mediapart, Edwy Plenel, à 500 euros d’amende, et la journaliste Marine Turchi à 500 euros avec sursis. Ils devaient en outre verser solidairement 1 000 euros de dommages et intérêts à M. Loustau.
Tous deux ont donc été relaxé en appel, au vu des 29 pièces produites pour prouver le sérieux de l’enquête et notamment, précise l’arrêt de la Cour d’appel, « de nombreuses captures d’écran sur Facebook […] dont l’analyse tend à confirmer que les clichés en cause ont été diffusés sur un des comptes de la partie civile et que cette dernière s’y livre par ailleurs à des allusions de nature antisémite. »
La Cour considère ainsi « qu’au vu de la base factuelle suffisante résultant d’une longue enquête tant sur des éléments passés que récents, ainsi que du contexte entourant ces photographies, la journaliste pouvait légitimement écrire qu’il s’agissait d’un salut qualifié de fasciste, et ce d’autant plus que l’article très documenté contenait des liens et vidéos permettant aux lecteurs de prendre une connaissance directe et plus complète des éléments justifiant l’affirmation de la journaliste, déduite de son enquête et de l’observation des clichés. En conséquence, le bénéfice de la bonne foi sera accordé aux prévenus. »