En ce moment, il n’y a pas une seule semaine sans que la justice malagasy ne fasse parler d’elle et pas dans le bon sens. Des magistrats qui réclament la démission de la garde des sceaux, des magistrats qui demandent à fermer les portes de tous les tribunaux parce que l’un des leurs a fait l’objet d’arrestation pour enquête, des concours pour entrer à l’école nationale de la magistrature et des greffes annulés pour suspicion de corruption, des magistrats qui réclament l’ouverture d’enquête et qui finalement veulent déterminer les personnes à enquêter, un fuyard qui rapporte dans la presse étrangère avoir versé beaucoup d’argent à des hauts responsables de la justice, un magistrat qui intente une action en justice contre un décret qui le relève de sa fonction, un autre magistrat qui défend la légalité de l’abrogation… et la population qui n’avait déjà plus confiance en la justice malagasy et qui entend chaque fois cette histoire de redorer le blason de la magistrature finit par se dire que la justice de son pays fait pitié, que lorsqu’on parle de la justice de son pays c’est rarement pour entendre du bien, que ce sont les magistrats eux mêmes ces temps ci qui disent du mal de la justice, de leur justice si auparavant c’étaient les simples citoyens. Et la population voit très peu d’objectivité dans les déclarations des uns et des autres, dans les sorties médiatiques relatives à la justice malagasy… elle se rend juste compte qu’il y a une certitude il y a un fort relent de corporatisme, de deux poids deux mesures, d’impunité, bref d’INJUSTICE ou d’ennemi de la justice.
Et on en vient à se dire, puisque le poste de ministre est politique, que sous d’autres cieux les ministres ne sont pas forcément issus du corps. Le ministre de l’éducation nationale n’est pas un enseignant dans l’éducation de base, le ministre des transports n’est pas un transporteur, le ministre de l’agriculture n’est pas un agriculteur…pourquoi le ministre de la justice devrait être un magistrat? Bien-sûr, la France n’est pas un exemple à suivre en tout mais Robert Badinter n’était pas magistrat mais avocat, Nicole Belloubet était professeur d’université puis recteur d’université avant de devenir garde des sceaux. Ce serait une révolution et ce serait peut-être une bonne chose car tout de même ce que la population voit aujourd’hui c’est le corporatisme si souvent dénoncé de ce grand corps malade.
D.R.