La nouvelle a fait l’effet d’une bombe dans le corps des magistrats. Le juge d’instruction Haingo Ramiandrisoa a été interpellé par des agents armés des forces de l’ordre à son domicile à Manjakaray dans la soirée d’avant – hier.
Complicité d’évasion, tel serait le motif de l’arrestation de ce juge d’instruction. En charge du dossier Houcine Arfa, ce juge a été amené au tribunal de première instance d’Ambatolampy en vue d’un déferrement. Pourtant, au moment de notre rédaction, vers 19 heures, l’interrogatoire venait juste de démarrer. Suite à cette arrestation, le Syndicat des magistrats de Madagascar a été le premier à réagir. « Jusqu’à maintenant, les dossiers à charge ne sont pas encore complets. Dans ce cas, il s’agit d’une détention arbitraire voire une séquestration », déplore Fanirisoa Ernaivo, présidente du Smm. Elle dénonce une illégalité dans la procédure d’arrestation de son homologue. Plusieurs étapes auraient été ignorées dont la convocation du magistrat inquiété par le magistrat du grade le plus élevé nécessaire dans le cas actuel. En signe de solidarité, les tribunaux de Madagascar ont fermé depuis hier selon toujours le syndicat. Des représentants du Smm ont également fait le déplacement jusqu’à Ambatolampy.
Dans la matinée d’hier, les membres du Bureau de Coordination du Contrôle des Juridictions et des Etablissements pénitentiaires au sein du ministère de la justice sont montés au créneau pour révéler les avancées de l’enquête relative à cette affaire Houcine Arfa. Razafindrakoto Solohery, directeur de la promotion de l’intégrité au sein dudit bureau, soutient que toutes les personnes citées par Houcine Arfa auraient fait l’objet d’une enquête dont les directeurs des prisons de Tsiafahy et d’Antanimora et la ministre de la Justice entre autres. Il confie également qu’ « un médecin, un magistrat, un chauffeur de taxi, trois agents pénitentiaires, et un infirmier y sont directement impliqués ». Outre le magistrat, d’autres complices au sein de l’administration pénitentiaire ont également été interpellés hier.
Détails intrigants
Plusieurs détails intriguent et suscitent des interrogations dans le cadre de cette affaire Houcine Arfa. En premier lieu, les conversations téléphoniques entre les suspects auraient suffit comme preuves de leur implication. Ensuite, après les révélations d’Houcine Arfa, les autorités étatiques dont le ministre de la Justice n’ont cessé de marteler qu’il s’agit de « la parole d’un évadé contre la Justice malgache ». Pourtant, c’est la Justice elle – même qui se conforme à ces paroles en suivant à la lettre toutes les accusations d’Houcine Arfa. En revanche, les personnes citées par l’évadé de 53 ans comme ayant bénéficié de pot- de-vin faramineux n’ont jusqu’ici pas été inquiétées. Interrogé sur le sujet, Paolo Solonavalona Raholinarivo, administrateur civile affirme que « nous sommes dans un Etat de droit et nul ne doit être au- dessus de la loi. En revanche, il ne devrait y avoir deux poids, deux mesures dans l’exécution d’une procédure et celle – ci ne doit en aucun cas être sélective ». Au nom de cette égalité devant la loi, il roule pour que le traitement de toutes les personnes suspectées ou impliquées dans cette affaire soit identique. Il s’interroge également sur l’acte de poursuite étant donné que les interpellations n’ont lieu que deux mois voire plus après l’évasion.
Sandra R.
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