Ces derniers temps, au sein de la population civile, comme actuellement au niveau des grands responsables des forces de l’ordre, la Loi du Talion semble avoir été privilégiée pour les règlements (au pluriel) des problèmes de société d’ordre litigieux. Il y a quelques années encore et même de nos jours, la colère était devenue le moteur régulateur dans la violence des mésententes entre les habitants d’une même localité. A une certaine époque, la populace osait même s’en prendre à des fonctionnaires civils et militaires. Et parfois aussi à des juges. A Ambovombe, une fois, il était même question de punir un procureur sous prétexte que ce dernier n’avait pas bien agi dans le cadre d’une procédure concernant un homme tué par des malfaiteurs notoires. Les exemples sont tellement nombreux qu’on perd son temps à les énumérer tous. Depuis que l’actuel Premier Ministre Christian Ntsay s’est mis en tête de donner l’exemple en matière de lutte contre l’insécurité en dirigeant des patrouilles de nuit en pleine capitale, les choses ont changé. On voit maintenant des militaires armés faire des rondes dans les quartiers de la capitale comme si on était sous la loi martiale…Personne ne peut douter de l’efficacité dissuasive de mesures pareilles. Mais… On a la nette impression que quelque part ordre a été donné de ne pas faire de quartier. D’un peu partout dans les campagnes où règne le banditisme rural avec le regain d’activité des dahalos ces véritables terroristes de l’arrière-pays, comme si le « permis de tuer » était accordé aux éléments des forces de l’ordre en service commandé jusqu’à l’échelon Fokontany, les paysans au lieu d’être rassurés sont paniqués devant la répression sanglante à laquelle ils assistent (brutalités physiques et parfois même exécutions sommaires.
Comme si ces hommes en treillis avaient été investis pour faire justice eux-mêmes. Les vœux les plus sincères de la population pastorale étaient d’être sous la protection des hommes en armes envoyés sur les lieux pour protéger les biens et les personnes. Mais devant les horribles spectacles des personnes battues avec violence ou passées par les armes parce qu’elles seraient de criminels connus et dénoncés par la rumeur publique, alors les habitants sont convaincus qu’ils assistent à ce qu’un magistrat avait classé un jour l’étiquette inattendu de la part d’un professionnel du Droit comme étant une pure «vindicte militaire».Personne à ces ministres et autres hautes autorités de féliciter les bons services faits par des vaillants et honnêtes serviteurs de la loi en uniformes, qu’ils prennent conscience également que dans un excès de zèle ou tout simplement à titre de représailles pour tels ou tels qu’eux seuls sur les théâtres d’opération avaient vécu, les tentations sont grandes pour outrepasser les agissements normaux et dans le cadre de la légalité auxquels ils ont droit (comme la légitime défense proportionnelle à l’attaque…).
Mais en agissant comme si la violence seule serait la réaction dans le cadre général des opérations de lutte surtout préventive contre l’insécurité, des forces déployées par centaines en rase campagne, finissent par donner l’impression qu’au niveau des dirigeants le dispositif répressif disproportionné et les réponses tardives à la tête des décideurs centraux relèvent d’une absence de savoir-faire. La preuve : la mise à l’écart des personnes ressources expérimentées et capables de faire face à des situations précises. Dans quelques districts on fait état d’un démantèlement systématique des services et équipes ayant fait preuve d’efficacité avéré et constaté avec des états de service louable par leurs chefs hiérarchiques. C’est comme si à l’échelon des commandements centraux on cherche sans en avoir l’air à écarter les éléments valables afin de laisser libre cours aux activités mafieuses de toutes sortes (vols de bœufs, trafics de cannabis, produits prohibés et autres activités criminelles). Sur fond de déception, de désespoir et de colère professionnelle, parmi les militaires dans les casernes, comme chez les gendarmes et les policiers face à la cécité intellectuelle actuelle de leurs chefs, c’est tout juste s’ils ne livrent pas les noms de supérieurs et même ces généraux qui profitent de leur autorité pour prêter main forte à des activités interdites par nos lois. Dans des allusions très directes, ces sous-officiers et ces subordonnés laissent entendre que les vols de bœufs et autres activités illicites ne peuvent avoir lieu sans les appuis discrets de ces respectables chefs qu’entretiennent l’argent des richissimes hommes d’affaires qui encadrent l’approvisionnement des marchés locaux de la viande et facilitent ou participent à l’exportation des bœufs sur pieds ou déjà usinés vers Moroni, l’île Maurice et même l’Asie. De tout ce qui précède, il faut bien admettre que de part et d’autre de la barrière aucune forme de légitimation de la violence avec la recherche de contact physique par les forces de l’ordre comme l’usage de la cruauté par ceux d’en face ne sont pas acceptables. Que faire alors, diront certains responsables soucieux de vouloir jouer les justiciers donneurs d’ordres brassant des crédits budgétaires incontrôlables ? Là et les réponses sont entre les mains des hommes de troupes coupés de leurs chefs parce qu’on ne leur demande jamais leur avis…C’est le quiproquo institutionnalisé des relations bornées entre chefs et subordonnés. C’est comme si en matière de sécurité publique pour le maintien de l’ordre (MOP) et le rétablissement de l’ordre (ROP) le Code Pénal est fait pour les chiens. Et encore…