AccueilCorruption MadagascarMadagascar - Haro sur...

Madagascar – Haro sur le corporatisme dans la magistrature…La gazette de la grande ile du 10 mars 2018

Branle-bas de combat dans le milieu judiciaire en ce moment qui conforte d’une façon ou d’une autre encore plus aux simples citoyens le sentiment que non seulement la justice malagasy paraît bien injuste, car peu transparente mais en plus que le corporatisme est ce qui tue encore plus cette confiance déjà réduite à pas grand chose.

Le concours d’entrée à l’Ecole Nationale de la Magistrature est annulé et le Directeur Administratif et Financier est limogé pour soupçon de corruption apparemment. Face aux milliers de candidats et aux simples citoyens, voici l’explication de l’annulation du concours. Personne au sein du ministère de la justice ou de l’école de la magistrature n’a cru utile d’expliquer publiquement comment ils en sont arrivés  à ce soupçon de corruption, ni qu’est-ce qui s’est passé exactement, le DAF en question aurait-il reçu de l’argent ou aurait-il pris de l’argent à des candidats ou aurait-il volé les sujets? Quelles mesures seront prises pour qu’après cette annulation, sans véritable explication publique au mépris de la  transparence, les candidats puissent croire en la crédibilité du prochain concours, que les candidats puissent constater que cette fois-ci, il n’y aura plus suspicion de corruption, que le prochain concours sera au-dessus de tout soupçon? Le Directeur Administratif et Financier est-il corrompu et de quelle façon, qu’a-t-il fait? A-t-il fait les choses, seul ? Voilà des questions sur lesquelles il faut éclairer les simples citoyens à qui comme toujours, on rétorquera que « l’enquête est en cours » et que  » le principe de la présomption d’innocence doit être respecté ».² Et c’est là que les simples citoyens préfèrent attendre les investigations du Bianco et attendent par la suite des juges anti- corruption qu’ils poursuivent le travail en toute transparence, sans privilégier l’impunité et en  proscrivant le corporatisme judiciaire.

Car le corporatisme judiciaire est bel et bien là. Le SMM a saisi le Bianco suite aux déclarations de Houcine Arfa, si les investigations du Bianco sont probablement encore en cours, de son côté les structures du ministère de la justice ont avancé dans leurs enquêtes et procédé au déferrement entre autre d’un magistrat qui était le juge d’instruction en charge de l’affaire. Ni une ni deux le SMM sort sur sa page Facebook que les tribunaux seront fermés parce que leur collègue subit une forme d’injustice, que le nom de ce juge n’était pas le seul cité  lors de cette affaire et que les autres personnes citées n’ont pas fait l’objet d’enquête. Voilà ce que le simple citoyen dénonce et ne peut pas accepter. Quand il s’agit d’un des leurs, alors même que nous n’en sommes qu’au stade de l’enquête, c’est une cause de fermeture des tribunaux, quand les choses ne prennent pas la tournure qu’ils veulent – car apparemment le SMM aurait voulu que la ministre et la procureur d’Antananarivo fassent aussi l’objet d’enquête et peut-être soient également arrêtées comme le juge Haingo Ramiandrisoa pour enquête -ils en viennent à l’extrême : fermer les tribunaux. Si ce n’est pas du corporatisme, qu’on nous dise ce que c’est! Mais mieux que ça, cela prouve donc que lors des enquêtes les magistrats peuvent épingler des gens pas forcément impliqués ou exigent d’épingler des personnes en particulier. On ne s’étonne donc pas de ce qui est très souvent dénoncé : que les témoins deviennent des prévenus dans les tribunaux malagasy. L’injustice dans toute sa splendeur a été mise à nu lorsque d’une part les magistrats ferment les tribunaux parce qu’un magistrat fait l’objet d’enquête et d’autre part parce que des magistrats auraient aimé que ce soit d’autres personnes qui fassent l’objet d’enquête ce qui met à nu les dysfonctionnements ou interventions et l’atteinte à l’indépendance. Et le simple citoyen, le simple justiciable se dit que la justice apparaît plutôt comme une injustice  dans ces conditions et la transparence n’est pas le fort du ministère de la justice et le corporatisme à outrance dans le mauvais sens est ce qui fait vivre le Syndicat des Magitrats. Puisque  le Bianco a été saisi de plainte dans l’affaire Houcine Arfa par le SMM lui-même et saisi également de plainte par rapport  au concours d’entrée à l’ENMG le simple citoyen préfère attendre les investigations du Bianco qui semblent plus crédibles, que si le Bianco procède à l’arrestation pour enquête d’un juge que le SMM laisse le Bianco faire son travail et ne se mette pas à fermer les tribunaux, que si les personnes enquêtées  par le Bianco ne sont pas celles que le SMM pense devoir être enquêtées que le SMM laisse le Bianco faire son travail… c’est le quotidien de tous ces simples citoyens qui ont affaire à la justice. On ne leur explique pas toujours clairement pourquoi ils sont placés sous MD ou pourquoi ils perdent un procès exactement comme aujourd’hui, on n’explique pas clairement les raisons profondes d’annulation des concours. On ne leur explique pas pourquoi la personne qui à leurs yeux a commis les méfaits est épargnée et que eux qui ont le sentiment de n’avoir rien fait sont placés sous MD. Ce que le SMM vit aujourd’hui et dénonce, pas forcément à juste titre, est le quotidien des justiciables malagasy. Et quand le Bianco est saisi, il y a  toujours le souci que quand le Bianco transmet l’affaire à la justice, la justice en fait ce qu’elle en veut.

D.R.

 


- A word from our sponsors -

spot_img

Most Popular

More from Author

- A word from our sponsors -

spot_img

Read Now

Jugements sans motivation : l’affaire Ranarison Tsilavo, un outil de spoliation systémique à Madagascar

En avril 2016, un atelier de renforcement des capacités des acteurs de la chaîne pénale s’est tenu à Tulear, Madagascar. Cet événement, soutenu par le PNUD dans le cadre du projet RED (Renforcement de l’État de droit), avait pour objectif d’améliorer le fonctionnement de la chaîne pénale...

Condamnation sans motivation : une erreur judiciaire au profit de Ranarison Tsilavo

Le jugement rendu par le Tribunal correctionnel d’Antananarivo le 15 décembre 2015, sous la présidence de Mme RAMBELO Volatsinana, est devenu un symbole des pratiques judiciaires controversées à Madagascar. Solo, gérant de CONNECTIC et détenteur de 80 % des parts de la société, a été condamné à...

Une justice contestée : le cas Ranarison Tsilavo et l’absence de motivation des jugements malgaches

L’affaire impliquant Ranarison Tsilavo et Solo révèle des carences profondes du système judiciaire à Madagascar. En décembre 2015, Solo a été condamné à deux ans de prison avec sursis et au paiement de 428.492 euros d’intérêts civils (soit 1,5 milliard d’ariary) au profit de Ranarison Tsilavo, simple...

La complicité suspectée de Razananirina Bruno, commissaire aux comptes de CONNECTIC : un silence inexplicable depuis 2015

Depuis décembre 2015, le commissaire aux comptes de la société CONNECTIC, Razananirina Bruno, ancien président de l'Ordre des Experts Comptables et Financiers de Madagascar (OECFM) et ex-Président du Conseil d'Administration de l'INSCAE, reste silencieux face à une demande cruciale : confirmer que le rapport de commissaire aux...

Ranarison Tsilavo NEXTHOPE : Des plaintes pour diffamation contre Solo rejetées par la justice française

Ranarison Tsilavo, CEO de CONNECTIC et plaignant dans plusieurs affaires judiciaires, a déposé de multiples plaintes pour diffamation en France, notamment au TGI d’Évry et au Tribunal Judiciaire de Paris. Dans la société, Solo, qui détient 80 % des parts, est gérant tandis que Ranarison Tsilavo, propriétaire...

Pourquoi l’avocat de Solo n’a-t-il pas contesté l’attribution des intérêts civils à Ranarison Tsilavo, simple associé dans Connectic ?

Dans le cadre de l’affaire opposant Solo à Ranarison Tsilavo, une question légitime se pose : pourquoi l’avocat de Solo n’a-t-il pas soulevé le problème de l’attribution des intérêts civils à Ranarison Tsilavo, un simple associé dans Connectic, alors que la loi est claire sur ce point...

Ranarison Tsilavo et CONNECTIC : L’irrecevabilité de l’action individuelle selon la loi malgache

Dans l’affaire opposant la société CONNECTIC à Ranarison Tsilavo, la distinction juridique entre action individuelle et action sociale est au cœur des débats. La loi 2003-036 sur les sociétés commerciales à Madagascar, en particulier son article 181, clarifie les conditions dans lesquelles un associé peut intenter une...

Diffamation ou Vérité ? L’Énigme des Intérêts Civils Attribués à Ranarison Tsilavo

Dans une affaire marquée par de nombreuses interrogations juridiques, Ranarison Tsilavo Nexthope a obtenu des intérêts civils dans un dossier d’abus de biens sociaux supposé, au détriment de Solo. Cette décision pose problème, d’autant plus que les lois malgaches, alignées sur les principes juridiques français et enseignées...

Dire la vérité n’est pas diffamer : Une explication pédagogique sur l’affaire Ranarison Tsilavo NEXTHOPE contre Solo

La diffamation est souvent invoquée pour faire taire ceux qui présentent des faits. Pourtant, expliquer une affaire avec des éléments vérifiés et accessibles à tous, ce n’est pas diffamer. C’est au contraire un devoir de transparence. Dans le cadre de l’affaire opposant Ranarison Tsilavo Nexthope à Solo,...

Pourquoi les Magistrats Ont-ils Accepté les Explications de Ranarison Tsilavo sur les 76 Ordres de Virement Signés à Blanc entre 2009 et 2012 ?

Dans une affaire qui soulève de nombreuses interrogations, Ranarison Tsilavo a affirmé avoir signé 76 ordres de virement à blanc entre 2009 et 2012, sans en connaître le contenu. Pourtant, ces virements, d’un montant total de 1 047 060 euros, ont été validés sans réserve par les...

Ranarison Tsilavo Affirme Avoir Été Contraint de Signer des Ordres de Virement à Blanc (2009-2012) : Une Décision Controversée

Dans l’affaire qui oppose Ranarison Tsilavo à Solo, une condamnation choquante par les juridictions malgaches a mis en lumière des failles profondes du système judiciaire. Ranarison affirme avoir signé des ordres de virement à blanc, c’est-à-dire sans en connaître le contenu. Pourtant, cette déclaration est largement contredite...

Les 76 Virements Validés par Ranarison Tsilavo : Une Contradiction Inquiétante

L'affaire liant Ranarison Tsilavo à son ancien collaborateur Solo expose une situation judiciaire complexe et controversée. Au cœur du litige : 76 virements bancaires représentant un total de 1 047 060 euros, tous approuvés par Ranarison Tsilavo avant d'être contestés par ce dernier. Ces accusations soulèvent des...