La Justice française a répondu à la demande de coopération judiciaire de son homologue malgache. L’évadé de Tsiafahy est placé sur la liste des personnes recherchées en France.
Wanted. C’est par le biais d’une note verbale que le ministère de la Justice françaises a répondu à la demande de coopération judiciaire faite par Madagascar, dans le cadre de l’accord de coopération entre les deux pays. Une note verbale communiquée le 22 janvier, pour informer le ministère de la Justice malgache qu’« Houcine Arfa a fait l’objet d’une inscription au fichier des personnes recherchées en France ».
Cette note verbale indique donc, que les autorités judiciaires françaises ont répondu favorablement au mandat d’arrêt international lancé par la Justice malgache, le 8 janvier. Condamné à trois ans de prison ferme pour usurpation de fonction et tentative d’extorsion de fonds et poursuivi dans une affaire d’association de malfaiteurs, Houcine Arfa s’est évadé le 28 décembre 2017. Il a profité d’un transfert dans des circonstances douteuses, vers la maison centrale d’Antanimora pour prendre la fuite.
De nationalité française, mais d’origine algérienne, l’évadé de Tsiafahy a rapidement rejoint la France d’où il multiplie les révélations chocs. Dans une interview accordée au journal Le Parisien et à la radio RTL, Houcine Arfa est allé jusqu’à affirmer que pour faciliter son évasion, il a soudoyé la ministre de la Justice et d’autres hauts responsables du système judiciaire et pénitentiaire. Si une partie de l’opinion a pris ses dires pour argent comptant, une autre le qualifie « d’affabulateur », et estime qu’il ne s’agit que d’une stratégie de défense en vue d’une éventuelle poursuite judiciaire.
Enquête
L’accord de coopération entre Madagascar et la France préservant « les nationaux », d’une extradition, une fois appréhendé, le fugitif devra purger ce qui lui reste de ces trois ans d’emprisonnement dans l’Hexagone. La Justice malgache, sauf changement, compte également le poursuivre concernant la tentative d’extorsion de fonds et son évasion. La plainte pour diffamation annoncée par Elise Alexandrine Rasolo, garde des sceaux, dans une interview parue lundi, devrait aussi, s’ajouter aux dossiers de poursuite contre Arfa. Le fait que ce dernier est désormais considéré comme un fugitif dans son pays devrait accélérer son arrestation. Il a réaffirmé dans un entretien téléphonique avec les correspondants à Madagascar de Radio France internationale (RFI), hier, qu’« il n’a pas peur d’affronterla Justice ». Dans l’éventualité où il se cacherait, la recherche ne devrait pas être difficile vu qu’il est visiblement, toujours joignable par téléphone.
La Justice française pourrait, par ailleurs, ouvrir une instruction concernant l’évasion d’Houcine Arfa et la plainte pour diffamation. Une procédure qui permettrait de dissiper la nébuleuse qui recouvre cette affaire. Bien qu’il soit un fugitif, les accusations proférées par Houcine Arfa ont fait l’effet d’une bombe. Elles ont affaibli le système judiciaire malgache à l’image déjà écorné et ébranlé la crédibilité des tenants du pouvoir politique.
La ministre Rasolo s’est déjà défendue et a défendu la Justice dans cette interview. Les résultats de l’enquête, qui sera menée, en France, pourraient, toutefois, contribuer à rétablir la vérité ainsi que l’image de la Justice et de ses hauts responsables. Pareillement, pour celle ouverte par le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), suite à une saisine du Syndicat des magistrats de Madagascar (SMM).
L’ambassade de France nie toute implication
En marge d’une cérémonie de remise de matériel de communication militaire dans le cadre de la coopération militaire entre l’armée malgache et les Forces armées de la zone sud de l’océan Indien, à la résidence de France Ivandry, hier, Véronique Vouland-Aneini, ambassadeur française a affirmé que « l’ambassade n’a absolument rien à voir dans l’évasion d’Houcine Arfa ». La diplomate a ajouté que la représentation française « n’est absolument pas intervenue pour qu’il soit transféré. Comme tous les Français détenus à Madagascar, il a bénéficié de la protection consulaire, sans plus. Comme tous les détenus, le médecin du consulat l’a examiné lorsqu’il était malade. Nous l’avons traité normalement ».
Garry Fabrice Ranaivoson