On aimerait bien ne pas écrire sur la justice à Madagascar mais l’impunité, le corporatisme et l’injustice sont les moteurs de cette justice que l’on ne peut qu’avoir chaque fois quelque chose à dire sur ce secteur. On se demande d’ailleurs si les magistrats tous confondus du ministre de la justice, en passant par les chefs de cours et chefs de juridiction, en passant par les membres du syndicat, en passant par les simples juges arrivent encore à assumer le regard de ceux qui voient chaque jour la déliquescence de la justice, de ceux qui découvrent ce dont ils doutaient déjà auparavant que cette justice est si injuste.
Comment peut-on admettre qu’après l’annulation du concours sans aucune explication convaincante aux candidats, des hauts responsables en arrivent à brûler les copies -pièces à conviction – au mépris des scellés posés par trois entités et donc au mépris total des lois en vigueur? Comment peut-on admettre que l’on vienne à envisager de fermer les tribunaux parce qu’un des leurs fait l’objet d’enquête sans que rien ne dise qu’il est coupable ou non? Leur arrive-t-il à ces magistrats, peu importe leur grade leur fonction, de se mettre un tant soit peu à la place des candidats au concours, de se mettre à la place de ces justiciables enquêtes et placés sous mandat de dépôt injustement ou parce que l’autre partie a des appuis solides au niveau de la magistrature ou dans les hautes sphères des pouvoirs? Ont-ils encore le sentiment que vraiment ils rendent la justice, ils représentent la justice de la garde des sceaux jusqu’au magistrat stagiaire? L’affaire Houcine et autres ne sont que la face visible de l’iceberg, ne sont que des épiphénomènes, l’injustice au sein de la » justice » à Madagascar bon nombre de justiciables l’ont vécu depuis des lustres. Les déçus des concours très critiquables organisés durant la transition sous Razanamahasoa ont leur mots à dire, des réformes s’en sont suivies tant les formateurs à l’école de la magistrature étaient effarés par le népotisme et l’incompétence des élèves, les personnes placées sous mandat de dépôt injustement sans charge durant la période Ravalomanana ont leurs mots à dire, les nombreuses victimes d’injustice durant la période Rajaonarimampianina ont leurs mots à dire…et bien que la justice populaire doive être condamnée avec la plus grande vigueur, il y a des choses qui finalement trouvent leur explication dans toute cette injustice qu’est devenue la justice malagasy.
Claude Rakelé