Du changement auprès du ministère de la Justice. Le conseil des ministres a procédé au remplacement de plusieurs hauts responsables de ce département.
Le déclenchement. Comme tous les conseils des ministres qui suivent la mise en place d’un nouveau gouvernement, celui d’hier a apporté une vague de nominations aux hauts emplois de l’Etat. Les remplacements auprès du ministère de la Justice sont notamment, marquants.
Selon les explications, il s’agit de la première étape dans la mission d’assainissement de la Justice et de redorer son blason, que s’est fixée Noro Vololona Harimisa, ministre de la Justice. A l’instar de ses prédécesseurs, ces deux points ont été mis en exergue par la nouvelle Garde des Sceaux de la République. Le fait est que le système judiciaire souffre de vice de crédibilité.
La corruption qui y est reine, ainsi que les abus d’autorité et de pouvoir de la part de certains ont cassé la relation de confiance nécessaire avec les justiciables. Les nouvelles nominations d’hier, selon une source avisée, seraient la traduction en acte du challenge que s’est imposée la ministre Harimisa. « Compétence, rigueur et probité », seraient les critères de sélection, ajoute la source.
Impacts rapides
Les remplacements concernant tout autant les hauts responsables ministériels de l’Ecole nationale de la magistrature et des greffes (ENMG), de la Cour suprême et ses Chambres, ainsi que, de deux Cours d’appel. Un nouveau Procureur général de la Cour suprême (PGCS), notamment, a été nommé. Ainsi, en remplacement de Robertson Rakotonavalona Ranary, PGCS sortant, le conseil des ministres a désigné Réné José Andriatianarivelo.
Ce dernier qui occupe, actuellement, le poste de chef du ministère public auprès de la juridiction de second degré du Pôle anti-corruption (PAC). Une juridiction spécialisée où la sélection des membres s’est faite sur la base de critères de compétence, de probité et d’intégrité drastique.
Un précédent remplacement du PGCS Rakotonavalona Ranary a été annulé par le Conseil d’Etat, fin février. Cette fois-ci l’acte a eu le feu vert du Conseil supérieur de la magistrature (CSM). D’après les explications du juge Rivoniaina Razafindrakoto, membre du CSM, il s’agit de l’application des dispositions de l’article 122 de la Constitution.
Le PGCS, notamment, est nommé par décret pris en Conseil des ministres conformément aux propositions du CSM de préférence parmi les plus anciens dans la grade le plus élevé des magistrats respectivement de l’ordre judiciaire, administratif et financier, prévoit la Loi fondamentale. Le remplacement des autres hauts responsables au sein de la Cour suprême et ses Chambres suit également les prescrits constitutionnels, selon le juge Razafindrakoto.
Cela prévaut aussi pour le remplacement des procureurs généraux des Cours d’appel de Toamasina et de Fianarantsoa. Le ministère public, dans le chef-lieu d’Antsiranana, notamment, a été souvent embarrassé dans des dossiers de kidnapping, ou encore, de trafics de ressources naturelles. « La jeunesse et le dynamisme, conjugués avec l’expérience », seraient les autres critères ayant amené le choix des personnalités nouvellement nommées, hier.
Les changements de personnes devraient, selon les explications de la source, de « changement de pratique, de comportement rapide et ayant des impacts concrets rapidement ». la mission des nouveaux responsables judiciaires serait claire, « assainir et redorer le blason de la Justice dans l’intérêt de la population ». Certains nouveaux responsables, en particulier ceux œuvrant au sein du ministère se seraient donné six mois pour des changements probants.
« Qu’importe la durée, je veux laisser une trace de mon passage à la tête de ce ministère », ont été les mots de la ministre Harimisa, tout en affirmant une tolérance zéro contre les mauvaises pratiques au sein du système judiciaire. « Suivez-moi. Rétablissons ensemble l’image de la Justice », a-t-elle déclaré devant les greffiers, le 20 juin dernier. Afin de réhabiliter la Justice aux yeux des justiciables, d’autant plus qu’en peu de temps, il lui faudra, en effet, l’adhésion de tous les acteurs au challenge fixé.
Gary Fabrice
Ranaivoson