L’actuel président de la République, ancien ministre des Finances et du Budget d’un régime de tous les abus, trafics et perversités, conscient du fait que «depuis bien trop longtemps, le peuple malgache a le sentiment de vivre dans un monde d’iniquité où les droits ne sont pas les mêmes pour tous » lors de son investiture avait solennellement pris l’engagement de « réformer la Justice de l’Etat. La Justice devrait être accessible à tous et égales pour tous. Nous devrons lutter contre l’impunité et restaurer la confiance des Malgaches et des Etrangers dans notre Justice » disait-il ce jour-là. En précisant avec détermination que « Des pratiques rénovées vont recréer la confiance dans les Institutions de notre pays pour que les investisseurs internationaux puissent venir investir à Madagascar sans crainte ni retenue… »
Une telle priorisation des objectifs du système prouve clairement une xénophilie hautement intéressée qui, sous le couvert des soucis faussement nationalistes, justifie ces honteux pillages de nos richesses au profits de partenaires prédateurs étrangers. Et c’est tant pis pour les natifs de ce pays. L’évasion rocambolesque très spectaculaire de Houcine Arfa, 53 ans, ex-conseiller du président de la République de Madagascar, deux mois après provoque toujours des dégâts collatéraux dans tout le système judiciaire de Madagascar. Laetitia Bezaine dans une dépêche de RFI daté du 25 janvier dernier rapporte que « Ses déclarations compromettantes ont fait l’effet d’une bombe dans un pays où la corruption gangrène toutes les strates de la société. La gêne et les réponses tardives des autorités n’ont fait qu’accroître la méfiance des Malgaches envers le pouvoir en place. » Pour finalement poser la question de savoir «Comment ce fugitif est-il devenu l’homme qui fait trembler la République ? »
Est-ce pour répondre à l’ignorance de celle qui avait révélé que dans cette affaire « La ministre de la Justice en personne signe son autorisation de consultation médicale. Houcine Arfa profite de ce rendez-vous chez le médecin pour s’évader » ? Coup sur coup, dans la foulée, un décret abrogeant le décret n°2012-160 du 01 février 2012 portant nomination du Procureur Général près la Cour Suprême au cours du conseil de ministre du 27 février dernier, a mis à l’écart un vieux routier de l’administration judiciaire. En tenant compte des indiscrétions sur le déroulement de l’assemblée du Conseil Supérieur de la Magistrature, la dame n’était pas épargnée par les multiples accusations de corruption de Houcine « à l’encontre de plusieurs hauts responsables malgaches dont la ministre de la Justice. » Au cours des débats très houleux au sein du Conseil Supérieur de la Magistrature vendredi dernier, suite à une interpellation du syndicat des Magistrats, la ministre de la Justice citée nommément (à tort et à travers peut-être) par Houcine Arfa a vu rouge et n’a pas caché sa colère. Ranary Robertson, haut fonctionnaire prestigieux, remercié sans ménagement et dans l’irrespect le plus total des prescriptions légales sur le corps de la magistrature, fera les frais de la démarche des syndicalistes. Le Directeur Général de l’Administration Pénitentiaire prendra aussi la porte de sortie. Mais voilà que comme pour jeter de l’huile sur le feu des contestations syndicalistes très radicales ces derniers temps, sur « ordre de poursuite » émanant du ministère, un juge a été conduit par des policiers pour être entendu par ses pairs à Ambatolampy. Alors qu’il est de notoriété publique que certains magistrats réputés pourris semblent ne jamais être inquiétés…Irrités par cette forme sélective de gérer une impunité flagrante en faveur de quelques juges, l’ensemble de la corporation, l’opinion et même les observateurs ne cachent plus leur méfiance à l’endroit de la ministre de la Justice à la veille de partir à la retraite. Quoi qu’on dise en faveur des uns ou des autres, il faut reconnaître que les récents scandales éclaboussant l’exécutif ont provoqué des retombées pas très honorables sur tout le système judiciaire de Madagascar. Certaines mesures disciplinaires adoptées par la hiérarchie n’ont fait qu’aggraver le climat sociopolitique déjà suffisamment tendu par les effervescences de la proximité de l’élection présidentielle prévue pour cette année …
Noël Razafilahy
Lien avec le dossier de Solo :
Le Procureur général près de la Cour Suprême a fait requête pour PIL