Le site internet de veille contre la corruption de l’ONG Tototsoa porte des fruits. Les responsables de l’ONG ont effectué un premier bilan assez révélateur. La base de données de Tsycoolkoly a enregistré au moins 800 actes de dénonciation d’actes de corruption à Madagascar. Témoignages anonymes recueillis par les administrateurs du site, ces actes de dénonciations vont des pots de vins aux détournements de fonds et à divers crimes financiers. « Du bakchich pour obtenir un acte de naissance au détournement de fonds, à Madagascar, la corruption est visible à tous les niveaux et dans tous les secteurs », confie Nucia Randrianarison, responsable communication de l’ONG Tolotsoa. A l’initiative du projet, elle explique avoir été motivée par l’importance de dénoncer ces mauvaises pratiques qui peuvent être très dangereuses.
« Il y a des personnels médicaux qui n’acceptent pas de s’occuper des patients qui sont déjà dans des cas d’urgence, à moins que ces personnes-là donnent de l’argent, alors que ce sont des services publics. Donc la corruption fait en sorte que les gens ne puissent pas accéder aux services que l’Etat doit normalement offrir à tout un chacun », a poursuivi Nucia Randrianarison.
Le site internet »Tsycoolkoly » est donc ce canal de dénonciation de manière anonyme de l’injustice. N’étant pas un tribunal et encore moins une police, l’ONG recueille les informations et les met à la disposition des média des différents acteurs de la lutte contre la corruption qui sont censés porter plus loin.Crée en 2014 sur une inspiration de l’ONG Tototsoa, le site web Tsycoolkoly, en français »non à la corruption », constitue selon ces géniteurs, une base pour aider les autorités.
Madagascar, un pays gangrené par la corruption
123ème sur 168, c’est le rang qu’occupe Madagascar dans le classement de Transparency international sur la corruption. Pendant ce temps, dans le classement de la fondation Mo Ibrahim, le pays s’écroule en perdant point sur point. Vacillant dans ce classement, le pays est en proie à la corruption surtout dans les systèmes judiciaire et éducatif. Sur les 800 témoignages reçus par la base de données de Tsycoolkoly, au 500 concerne des pots de vin à la justice.
« Si l’affaire est étouffée par le commissaire 100 000 ariary, mais au niveau de la justice en moyenne c’est 400 000 ariary (environ 115 euros) », déplore Laurent Charlin Zafinandro, juriste et coordonateur du conseil communal de la jeunesse à Moronda.
Selon lui, la corruption a détruit le système judiciaire et rend le pays peu rassurant pour les investisseurs.Sur le plan éducatif, c’est aussi drastique. Le bureau indépendant anti-corruption parle de détournements de fonds alloués au budget de fonctionnement d’un établissement, corruption dans le recrutement des enseignants, attribution douteuse des marchés publics lors de la construction des bâtiments scolaires et enfin fraudes dans les examens figurent parmi les actes de corruption les plus dénoncés dans le secteur de l’éducation. Face à la situation les autorités sont obligées de prendre des résolutions.
« Il ne faut pas se voiler la face, la corruption est bien installée dans l’administration malgache, le ministère de l’éducation nationale n’y échappe pas. C’est n’est pas en faisant une loi, un décret qu’on peut changer les choses, c’est dans l’état d’esprit. Nous allons installer la lutte contre la corruption dans les programmes scolaires, peut-être une matière, des ateliers pourquoi pas. C’est un processus inclusif et qui sera discuté avec tout le monde mais tout le monde est conscient qu’il faut changer les choses », confie le ministre de l’éducation nationale Paul Rabary.
Selon lui, le gouvernement a une réelle volonté politique de faire bouger les choses. En attendant, les efforts de l’ONG Tototsoa à travers le site internet Tsycoolkoly sont aboutis et ont le mérite de contribuer à faire cerner l’ampleur réel du phénomène.