Des mots de trop sur un sujet pour lequel l’âme malgache est très susceptible (le respect du deuil) dans un moment d’énervement. Fanirisoa Ernaivo fait actuellement l’objet d’un tollé général dans les réseaux sociaux ainsi que dans les rédactions d’une certaine presse qui n’attendaient qu’une occasion pareille, parmi les magistrats et surtout dans les salons. Tandis qu’au sein de la population les avis sont très partagés. A cause des mauvais souvenirs d’Antsakabary, d’Anjojorobe, de Soamahamanina et des séquelles de l’indifférence et l’inertie scandaleuses ministérielles de la justice concernant les décès de ces militaires, gendarmes et policiers tués par des dahalos en service commandé méprisés par quelques juges corrompus…Comme il fallait s’y attendre, le ministère de la Justice qui déjà avait du mal à supporter l’engagement syndicaliste très radical de ce substitut du Procureur de la République, avait réagi sans attendre. Une décision de Faravohitra et la menace d’une mise en accusation devant le Conseil Supérieur de la Magistrature n’ont surpris personne, mais avaient ouvert les yeux au grand public.
Qui aurait cru qu’on pouvait punir un juge avec une telle célérité ? Non seulement la mesure prise était d’une rare sévérité (peut-être proportionnelle aux attaques répétées du SMM), mais apparemment ils ont eu la main lourde au niveau de la chancellerie. Solidarité gouvernementale oblige ?…Comme n’importe quel autre observateur impartial, Adelson Razafy a remarqué que « Si l’infraction était pénale, le mieux aurait été de soumettre Fanirisoa Ernaivo à procès réglementaire, et si elle était professionnelle, le conseil de discipline aurait été mieux indiqué. De cette manière, l’intéressé aurait bénéficié du droit à la défense accordé par la Constitution. Contrairement à celle-ci, Fanirisoa Ernaivo est poursuivie et sanctionnée dans un cas qui n’est pas déterminé par la loi. En tout cas tout, ceci sent la vendetta d’une coalition au pouvoir désireuses de voir le scrutin se tenir le jour dit, et contre une rebelle qui essaie de compromettre ce plan. (…)Il reste aussi qu’avant de sévir, on aurait dû tenir compte des circonstances qui ont amené la magistrate à proférer ces imprécations. » Avant que pour les besoins de la cause, le « verdict ministériel » prononcé en toute hâte par la juge Noro Volona Harimisa ne tombe, personne en haut lieu n’avait jugé utile de tenir compte de « l’excuse de la provocation ». Parce que provocation il y avait ce jour-là, avec l’infiltration des perturbateurs venus débaucher l’assistance avec des intentions malveillantes. Raison avancée sur la présence des forces de l’ordre sur les lieux, à titre de prévention parce qu’elles auraient été informées au préalable des risques de trouble de l’ordre public que pourraient provoquer des détracteurs du collectif des candidats contestataires. Le cas de la magistrate candidate à l’élection présidentielle n’est pas défendable qu’on se le dise. Toutefois, le dérapage verbal de Fanirisoa Ernaivo véritable passionaria de la lutte syndicale séduite par le militantisme politique n’était qu’un péché véniel comparé aux « intentions coupables » des « actes et manœuvres » du 21 avril dernier aggravés par le cercueil destiné à mieux illustrer la détermination de meneurs à propos de l’objectif avoué du slogan « Miala Rajao ! ». Pour des propos insultants très graves proférés en public, dans le cadre de menées insurrectionnelles visant Hery Rajaonarimampianina encore Chef de l’Etat avec les pleins pouvoirs constitutionnels à l’époque, l’actuel ministre de la Justice, pourtant Garde des Sceaux de la République n’a même pas levé le petit doigt, alors que le président en personne avait déclaré qu’il s’agissait d’un « coup d’Etat ». Or, une omission de cette gravité de la part d’un membre du gouvernement est punissable de graves sanctions pénales. Surtout que certains co-auteurs des faits constatés lors des émeutes avec tous les éléments constitutifs de l’acte criminel siègent actuellement dans le même gouvernement que celle-ci avec comme Premier ministre Christian Ntsay le premier bénéficiaire d’une astuce extraconstitutionnelle inspirée (une fois de plus) par Norbert Lala Ratsirahonana puis dictée ensuite par les juges d’Ambohidahy. Pour avoir osé pointer d’un doigt accusateur les méfaits et les tares d’un corps prestigieux souffrant de la gangrène d’un déficit de crédibilité à cause de quelques brebis galeuses corrompues qui font souffrir les justiciables à tous les niveaux, Faniry vivra désormais le calvaire de subir la revanche des souteneurs de la prostitution institutionnelle du système en place. Détail frappant dans la réaction manifestée par les responsables de Faravohitra : cette absence d’impartialité dans les traitements des faits et dossiers qu’ils veulent bien prendre en considération. Par exemple, en réservant un traitement très spécial à cette syndicaliste considérée comme une personne particulièrement gênante pour le régime de consensus. Rien pour l’application pure et simple des textes régissant le corps de magistrature et de la loi organique N°2014-043 sur la procédure applicable au président de la République pour « violation grave et répétée de la Constitution, manquement à ses devoirs, manifestement incompatibles avec l’exercice de son mandat » et aux personnalités visées à l’article 13 de cette loi sur la Haute Cour de Justice truffée de contradictions scélérates, il y a mauvaise foi manifeste. Des magistrats (au pluriel) sur injonctions de personnalités politiques avaient purement et simplement été mêlés à des opérations avérées d’obstruction à des enquêtes judiciaires sur cette très grave affaire de kidnapping de Toamasina et aussi sur «la manière d’appliquer le Code Pénal » pour les dossiers de trafics de bois de rose. Sauf erreur de notre part un magistrat suspecté a même été écroué, puis sans qu’on sache pourquoi n’a jamais comparu devant un tribunal …Il y avait aussi ce spectaculaire évasion d’Houcine Arfa qui avait éclaboussé (à tort ou à raison) des magistrats et même la ministre de l’époque à propos d’une mythique somme de 70.000 euros. Silence dans les rangs. Serait-ce parce que les personnalités dénoncées dans cette affaire sont toujours en fonction dans le ministère ou dans des postes assez élevés ? Que les Claudine et Pety et un ancien ministre des Finances et du Budget d’autres pauvres justiciables fassent les frais de ces iniquités flagrantes, tout un chacun est en droit de se demander pourquoi l’actuelle ministre ne trouve rien à reprocher à un Marc Ravalomanana à plus de « 6 mois à compter de la fin de son mandat » ou à Andry Rajoelina? Pour les détournements de deniers publics, les « dérives totalitaires » et le coup d’Etat de 2002, ainsi que celui de mars 2009 sur lequel le lieutenant-colonel Charles Andrianasoavina et récemment le général Noël Rakotonandrasana persistent dans leurs témoignages accablants. Serait-ce parce qu’avec les pouvoirs qu’elle détient, elle serait redevable au parti Mapar par qui cette coalition gouvernementale existe ? Les détenus prévenus cités tous originaires de la province de Fianarantsoa et Alain Ramaroson toujours en prison sont des preuves vivantes d’une forme de sélection et de persécution dans l’application des poursuites pénales. Faut-il donc toujours continuer dans ce sens ? Pour faire plaisir à qui ? Sûrement pas à « Rajao » uniquement… Les mauvaises langues racontent qu’Andry et Ravalo seraient intouchables parce ce qu’ils sont candidats ? Est-ce là une raison suffisante ? Quoiqu’il en soit, pour toutes les requêtes adressées à la Haute Cour de Justice, il y a des détails à ne pas oublier parce que déjà la procédure à suivre semble avoir été intentionnellement truffée de pièges pour rendre difficile la recevabilité du dossier. Et qu’aussi malgré « le bien fondé des griefs reprochés au Président » il est bien précisé qu’ « aucun mandat ne peut être délivré à son encontre.» Un conseil : bien lire le mode d’emploi pour éviter les mauvaises surprises d’une récusation ou d’un vice de procédure rien que pour une simple signature du plaignant qui «doit être légalisée ».