Le but principal des peines étant de sanctionner tous les auteurs d’une infraction, celles relatives à l’emprisonnement ne devront en principe être prononcées que pour les infractions les plus graves. La raison en est que, contrairement aux autres sanctions (amendes, travaux forcés, …), l’incarcération constitue une peine privative de droits et libertés (la liberté de circuler, droit de vivre en famille, …). Ces derniers devront pourtant faire l’objet d’une protection rigoureuse dans un pays démocratique. Parallèlement, la prison devrait avoir pour objectif principal la réintégration sociale des incriminés, et non devenir leur logement perpétuel. Ainsi, l’administration pénitentiaire devrait veiller à ce que la sortie de prison soit appliquée de manière stricte pour les personnes ayant purgé leurs peines.
L’organisation de cette sortie n’est pas assez règlementée à Madagascar, et l’incarcération semble être prononcée à l’encontre de la majorité des auteurs d’une infraction, sans tenir compte de la gravité ou non de celle-ci. Il arrive parfois que des personnes en détention provisoire se retrouvent incarcérées dans ces centres pendant des années en attendant la date de leur procès, ce qui équivaut pourtant à une condamnation en l’absence de toute décision définitive prononcée par la juridiction répressive. Celle-ci ne devant être qu’exceptionnelle, les durées excédentes pourraient être qualifiées d’illégales. Pratiquement, certaines personnes sont également détenues dans le milieu carcéral de manière « perpétuelle », car leurs dossiers ont disparu, et d’autres sont en attente de leur audience durant des dizaines d’années. Plus la peine de s’étonner de la surpopulation carcérale qui caractérise les centres de détention de Madagascar, car aussi bien les accusés que les personnes ayant terminé l’exécution de leurs peines sont obligés d’être incarcérés dans ces endroits. Quid alors de la réintégration sociale et de la présomption d’innocence ?
Hariantsa Cynthia